TOUT CONTRE

CO Paris 18
15 rue Esclangon

Paris 75018
01 40 25 03 36

Jusqu’au 6 mars
les dimanches à 18h00 et les lundis à 20h30

 

Tout contre loupe 

Toujours rechercher des sensations neuves. Toujours expérimenter,  ressentir, éprouver, tester sa propre sensibilité. Ses perceptions. Ses émotions, ses gênes, ses conforts, ses forces et ses failles. Voilà ce qui épice de manière vitale la vie de ceux qui cherchent autre chose que le connu, le su, le satisfait. Et c’est ainsi que ceux-là se retrouvent, ensemble, à aller voir « Tout Contre ».

« Aller voir » est un mauvais terme. Il s’agit ici d’être un autre spectateur qu’à l’accoutumé. Acteurs et spectateurs mêlés. Nulle scène. Immersion.

La pièce est anglaise. Une sorte de manège amoureux à la Woody Allen sans les volutes des pensées psychanalytiques du New-yorkais. En 2004, Mike Nichols en a dirigé l’adaptation cinématographique sous le titre de « Closer, entre adultes consentants ». Ce titre reflétant la teneur du texte qui raconte un laps de la vie amoureuse de quatre personnages, avec deux ressorts : la jalousie et la réalisation de sa carrière. L’on assiste ainsi aux rencontres, séductions et tromperies de ces deux couples qui se font et se défont dans la classe moyenne anglaise. Une photographe en mal d’exposition, un journaliste en mal de littérature, un dentiste en mal de considération et une strip-teaseuse. Cette dernière sera le catalyseur de ces expériences chimiques, hormonales et sensuelles.

Quelques thèmes entre optimisme et désespoir traversent ce texte : sexe, amour, interchangeabilité des êtres, réalisation de soi, sacrifice de l’autre pour son bonheur personnel, tromperie…

Pièce sociale un peu bourgeoise qui se déroule à l’origine dans les galeries d’art, les musées et les aquariums, les salons… Mais la mise en scène de Sébastien Bonnabel déchire le clinquant un peu cynique de ces existences en jetant ces personnages – et ces comédiennes et comédiens – au beau milieu des spectateurs.

Et ce sont eux qui nous entraînent d’espaces en espaces, happés par l’intrigue, voyageant en un peu plus d’une heure entre salle d’urgence d’un hôpital, studio de photographe, chambres, galerie, salons de différents appartements, cabinet de clinique privée, chambre, square…

C’est un théâtre réaliste ou hyperréaliste qui s’expose là, au départ, mais qui est rendu poreux grâce au jeu des actrices et des acteurs. Avec la liberté pour chacun des spectateurs d’être comme sa propre caméra subjective, de se déplacer durant les scènes, de s’approcher des comédiens, de les frôler.

Il se passe alors un phénomène étrange entre les spectateurs. Une sorte de réapprentissage d’un sentiment qui devrait être inhérent à l’homme. Un sentiment d’appartenance, de partage et de connivence al minima, car, lors des scènes, le regard croise l’œil de l’autre près de soi qui assiste à la même scène dans le troublant sentiment d’être là sans être soi-même. Les déplacements, les regards et les autres échanges qui se développent durant le spectacle entre spectateurs créent une sorte d’aura bienveillante et libère.

Les quatre interprètes sont d’une crédibilité totale – et il le faut pour être ainsi à quelques centimètres des spectateurs – Marie Hennerez, Marie Combeau, Eric Chantelauze, Philippe de Monts ont le talent de paraître authentiques, sans pudeur et sans absence de pudeur.

Bruno Fougniès

 

Tout contre loupePhoto : Sébastien Bonnabel

Tout contre

Librement adapté de la pièce de Patrick Marber "Closer"
Mise en scène de Sébastien Bonnabel en collaboration avec Clémence Demesme
Assistante à la mise en scène Marie Combeau

Avec Marie Hennerez, Marie Combeau en alternance avec Barbara Maud, Éric Chantelauze, Philippe de Monts

 

Mis en ligne le 24 février 2016