La semaine débute bien avec un grand coup de cœur pour Les Guitrys, spectacle découvert lors de la couturière.

Éric-Emmanuel Schmitt a écrit là un véritable petit bijou, où mots d'esprit et réparties fines s'enchaînent à une cadence soutenue, on n'en attendait pas moins d'une œuvre consacrée au spécialiste du genre, Sacha Guitry. L'auteur a dû bien « potasser » son sujet, tellement qu'on ne sait d'ailleurs plus démêler quelles répliques appartiennent à l'un ou à l'autre. Il s'est même payé le luxe d'un clin d'œil à Feydeau, maître de la comédie et ami du couple mythique – il assistait d'ailleurs à leur mariage – dans la scène de la lettre, hilarante au possible.

Il fallait pour incarner ces deux êtres légendaires des comédiens à la hauteur.

Claire Keim y est, osons le mot, sublime. Superbement belle – le style Années folles lui convient à ravir –, elle est Yvonne Printemps telle qu'on l'imagine, radieuse, frivole avec talent, capricieuse avec grâce, d'une élégance raffinée – grand coup de chapeau à la costumière Pascale Bordet – sachant également être émouvante lorsqu'il le faut.

Martin Lamotte est surprenant dans un rôle enfin à la mesure de son talent. Il incarne Sacha Guitry avec une justesse parfaite, sans en faire trop, tout en désinvolture maîtrisée, il nous émeut dans la scène finale d'une belle sobriété.

Il faut dire que Steve Suissa , le metteur en scène, connaît parfaitement son métier et en possède toutes les ficelles qu'il utilise avec efficacité, dans une scénographie astucieuse de Stéphanie Jarre utilisant avec à propos les moyens techniques actuels.

L'ensemble est léger, pétillant, comme cette période de l'entre deux guerres parfaitement recréée.

On en sort subjugué, émerveillé, heureux.

La première a lieu jeudi. Notez ce spectacle sur vos tablettes, il ne faut absolument pas le manquer.

Nicole Bourbon

 

 

The Guitrys

Auteur : Éric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène de Steve Suissa

Avec Claire Keim dans le rôle d'Yvonne Printemps
Martin Lamotte dans le rôle de Sacha Guitry
et Sylvain Katan dans le rôle du régisseur

Scénographie (décors) : Stéfanie Jarre
Son : Alexandre Lessertisseur
Costumes : Pascale Bordet
Lumières : Jacques Rouveyrollis
Assistant mise en scène : Denis Lemaître