Le charme de ce spectacle, c'est son originalité : empruntant aux figures de la Commedia dell'arte, il est à la fois classique et novateur puisque, à partir d'un art très ancien, il nous propose un traitement neuf ou à peu près. Pour ce, l'auteur metteur en scène Favio Mara, a recours à plusieurs genres : le théâtre de rue, le Guignol mais aussi le théâtre le plus classique : et c'est bien sûr cette variété qui étonne et plaît. On retrouve ainsi des personnages sous plusieurs formes, et l'usage du masque permet des déguisements que la fiction théâtrale nous fait accepter sans autre forme de procès.

Dès le début, pourtant, on craint un peu pour la suite de la soirée : ce Pulcinella vieilli et son jeune assistant nous sont servis de but en blanc et leurs masques pas si expressifs que ça, leurs cris, le côté formel de leur jeu, même s'il fait partie de la tradition, sont loin de faire rire ou même sourire. Heureusement, très vite, on bascule vers les marionnettes et là, l'affaire se met à fonctionner : on aime (en grands enfants que nous sommes), le côté forcé, la façon brute et rapide d'exposer une situation et de la dénouer. Teresina était fiancée à ce grand pendard de Pulcinella et leur petit jeu d'amour-haine a eu une fin un peu mélo puisqu'il est parti.

Nous retrouvons, sur la vraie scène, la pauvre Teresina (sans masque) qui se lamente, près du bébé dont elle est à présent mère. Elle ne rêve bien sûr que de revoir son chéri et n'hésite pas à se déguiser en capitaine Tempête (sic) pour aller sonder Pulcinella dont on lui a annoncé la venue en ville. Pulcinella, lui, n'a pas changé : toujours aussi poltron et inconséquent. A partir de là, un marivaudage se met en place, à base de ruses et de déguisements croisés (nous n'en dirons pas plus :!) et chaque chose porte et le moindre élément enchante.

L'ingénieux décor tournant, le jeu des comédiens (qui ont trouvé leurs marques et fonctionnent à plein) tout ceci fait que le spectacle, porté par les rires enchantés des spectateurs est sauvé et très efficacement.

Fabio Marra, outre sa charge d'auteur et de comédien, a-t-il eu raison d'assurer en plus la mise en scène :? On peut se le demander. Toujours est-il qu'il trouve en Sonia Palau une interprète de choix : sombre et vive, se renouvelant dans chacun des personnages qu'elle incarne, elle est étonnante. Ceci aux côtés d'un partenaire parfois un peu en retrait, même s'il a, lui aussi, de beaux moments, et notamment l'art, subtil, de nous entraîner dans la logique de son personnage, de nous faire anticiper ses réactions pour mieux en apprécier les finesses.

Gérard Noël

 

 

Teresina

De Fabio Marra.
Mise en scène de l'auteur.

Avec Sonia Palau, Fabio Marra.

Scénographie : Stefano Perocco di Meduna.
Costumes : Guiseppina Minopoli, Julie Phelousat et Isabelle Bartoletti.
Masques : Stefano Perocco di Meduna, Fabio Marra.
Lumières : Carrozone Teatro.