SUITE FRANCAISE

Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère
75009 Paris
Tél : 01 48 74 76 99

Jusqu’au 4 janvier 2020,
du mardi au samedi à 21h,
matinée le samedi à 16h45

 

Suite francaise loupe Photo Sébastien Angel

Édité à titre posthume, plus de soixante ans après la disparition de son auteure, Irène Némirovsky, dans le camp de la mort d’ Auschwitz, Suite française reçoit en 2004 le prix Renaudot. Un prix largement mérité pour la qualité de cette écriture lumineuse et l’originalité de ce roman qui, écrit sur le vif en 1941 / 42, décrit au temps présent l’exode puis la vie en France pendant l’occupation allemande. C’est dans ce dernier contexte que se déroule l’action de la pièce.

Un village parmi d’autres, en Bourgogne, où s’installe une garnison allemande.  L’un de ses officiers réquisitionne une chambre dans la maison d’une propriétaire terrienne, veuve,dont le fils est retenu prisonnier en Allemagne, dressée dans sa robe noir de la détestation de l’occupant. Vit également dans la maison, sa belle-fille et une bonne.

Un salon bourgeois, une porte menant vers le vestibule de la maison, une autre vers le grenier et au loin, dans une pièce invisible, un piano, voilà le décor très classique choisit par Virginie Lemoine. Les costumes nous renvoient eux aussi vers l’époque de la deuxième guerre mondiale ce qui évite tout préambule. Dès les premières minutes la situation et les personnages sont installées, et leurs rapports froids et fonctionnels établis. La mère n’aime pas sa belle-fille qui n’aime pas son mari prisonnier qui d’ailleurs entretient secrètement une autre femme, une ambiance quasi monacale règne dans la demeure quand arrive le jeune officier allemand.

À petites touches, Irène Némirovsky laisse les sentiments naître et dériver vers l’interdit, tandis qu’au fil des rencontres et des évitements, les blessures des deux héros de cette histoire, la belle-fille et l’officier se révèlent. Toute l’histoire est construite comme un bon scénario de cinéma où le bonheur possible des personnages est balayé par les nécessités de la grande histoire qui les écrase.

Les six interprètes ont créé de jolis personnages, avec des caractères forts, tranchés. Les scènes s’enchaînent dans la fluidité. À noter la pétillante création du personnage de la bonne par Emmanuelle Bougerol. Et aussi la constante volonté de Virginie Lemoine d’instiller par moment un humour libérateur qui fait respirer la gravité du propos de la pièce.

La première partie du roman d’Irène Némirovsky, également mise en scène par Virginie Lemoine, se joue à 19h dans la même salle, les mêmes jours que Suite française, avec le titre : Tempête en juin.

Bruno Fougniès

 

Suite francaise

D’après le Roman d’Irène Némirovsky
Adaptation Virginie Lemoine et Stéphane Laporte
Mise en scène Virginie Lemoine
Assistée de Laury André
Lumières Denis Koransky
Décors Grégoire Lemoine
Son Sébastien Angel
Musique Stéphane Corbin 
Costumes Christine Chauvey 
Coiffures Christophe Nicolas-Biot 

Avec Florence Pernel,  Béatrice Agenin,  Guilaine Londez, Samuel Glaumé,  Emmanuelle Bougerol,  Cédric Revollon ou Gaétan Borg

 

Mis en ligne le 16 septembre 2019