Entête

SSTOCKHOLM

 

Théâtre de la tempête, la Cartoucherie
Route du Champ de Manoeuvre
75012 Paris 
01 43 28 36 36

Jusqu’au 12 décembre,
du mardi au samedi à 20h30,
le dimanche à 16h30.

 

Sstockholm loupe

Photo © Pierre Planchenault

 

 « Le fait divers n'est que le prétexte à nous interroger sur nos propres vies, nos propres mémoires ; où en sommes-nous avec l'enfermement ? » C'est ce que déclare le Denisyak, collectif à l'œuvre pour ce spectacle. Le sujet ici, est inspiré de l'affaire Natasha Kampush. Mais cela va bien sûr au-delà.

La pièce commence avec deux femmes munies de lampes de poche qui examinent une pièce. « C'est notre maison, affirme l'une. Et je suis debout. »

Un flash-back nous ramène à tout ce qu'elle a vécu ici, elle, Solveig, sequestrée par un homme prénommé Franz.

Le lieu, une cave avec de la terre au sol. Comme mobilier, une table et deux chaises. On n'en saura pas plus sur ce qui s'est passé avant.

Les deux dînent, dans une scène répétitive, rituelle, avec déjà ce jeu pervers du géolier à base de douceur et de menaces.

Ils s'embrassent... et plus. Elle l'appelle parfois papa, clame qu'il est tout pour elle. Mais le supplie de la laisser vivre. À un autre moment, elle lui affirme  « C'est toi le fou ! »

De scène en scène, avec le jeu affuté de deux comédiens,  la tension monte. On en vient à appréhender ce moment où la porte d'ouvre et où Franz entre dans la pièce. 

Que va-t-il encore inventer ?

Solveig finit par obtenir une radio, radio qu'il va lui confisquer à la première occasion. L'homme veut ausi la rebaptiser Violaine et prétend qu'il l'appelle Maestro.

Au-delà de la répétition (une sorte de "Godot" tragique) il y a l'ambiguïté : il peut arriver que Violaine marque des points. Dans cette relation maître-esclave, la maître a plus besoin de l'esclave pour exister, qu'elle de lui. Mais pour elle, tout n'est pas si net.

"Docile jusqu'au bout des cils " est une formule dont Solveig agrémente ses promesses de soumission. Parfois elle craque, envoie balader un plateau, écrit "Meurs ! " un peu partout et dérobe même un couteau dont elle ne se servira pas.

Le bourreau dose ses effets : il va lui permettre de se maquiller, tout en continuant à lui imposer sexuellement sa volonté.
« — Tu m'embrasses ? Demande Solveig quand il la quitte après un repas.
— Tu ne m'aimes pas. Dit-elle encore. Sinon, tu me laisserais ! Je veux vivre vraiment, aller au monde.
— Mais le monde, affirme-t-il, c'est moi ! »

Il a des accès de colère violente. Ressassement de part et d'autre.

On est saisi face à tout cela, glacé, d'autant que Faustine Tournan (Solveig) est une formidable nature de comédienne, faisant sentir les moindres frémissements de son personnage, ses  abattements, sa honte, voire sa crainte de la folie. En gamine bûtée, ou en femme qui finit par se rebeller une fois pour toutes, elle est étonnante. Et au diapason de son partenaire, Erwan Daouphars.

Gérard Noël

 

Sstockholm

Texte : Solenn Denis
Création collective : Le Denisyak et Faustine Tournan

Avec : Erwan Daouphars, Solenn Denis, Faustine Tournan

Scénographie : Philippe Casaban, Eric Charbeau
Lumières : Yannick Anché
Création sonore : Jean-Marc Montera
Regard chorégraphique : Alain Gonotey
Construction décor : Nicolas Brun, Stéphane Guernouz
Régie : Gilles David, Yann Nédélec