Sodome et Gomorrhe, villes mentionnées dans la Genèse renaissent de leurs cendres à travers le texte de Laurent Gaudé sur la petite scène du théâtre du Temps.

Comme un fantôme prisonnier de son linceul blanc, Miléna Wendt, dernier témoin de la colère divine, debout sur un tabouret, revient d'entre les morts pour nous conter la chute de Sodome, sa ville, celle de tous les excès, de la décadence, du vice et des plaisirs défendus. Elle revient nous dire l'horreur du fléau de soufre et de feu qui s'abattit sur Gomorrhe avant de frapper la riche et opulente Sodome, sa douce Sodome. Aucune armée n'aurait pu la prendre, seul, un émissaire réussit à abattre l'immorale citée en une nuit de plaisirs et de débauches, contaminant tous ceux et celles, qui avec lui, se roulèrent dans le stupre et les orgies les plus dépravées. Ce bel homme presque irréel envoyé par la main du tout puissant retrouvera au matin sa vraie apparence. Celle de la peste noire. Pétrifiée en statut de sel comme châtiment, elle revient nous raconter comme un ange de souffrance ce qu'elle a vécu et nous donne à voir sous sa robe de vengeance que l'ange déchu est aussi un démon.

Bien qu'il ait parfois des relents de roman chevaleresque, il faut bien sûr s'intéresser un tant soit peu à ce récit biblique pour entrer totalement dans cette narration. Il est un peu dommage que la mise en scène soit réduite à sa plus simple expression et que la comédienne qui n'est pas sans qualité, ne maitrise pas toujours sa voix pour exprimer ses émotions et ses colères. Le lieu est bien trop petit pour supporter ces éclats et cela n'apporte rien à ce texte qui est bien plus agréable à écouter quand il est dit sur le souffle de sa ponctuation.

Arthus Thomadrien

 

 

Sodome, ma douce

Auteur : Laurent Gaudé
Mise en scène : Leonardo Alejandro Hincapié

Interprète : Miléna Wendt