SIX PERSONNAGES EN QUÊTE D'AUTEUR

Théâtre de la Colline
15 rue Malte Brun
75020 PARIS
01 44 62 52 52
Jusqu'au 7 octobre 2012.
Du mercredi au samedi à 20h30. Mardi à 19h30.
Dimanche à 15h30.

On ne saurait trop féliciter Stéphane Braunschweig pour avoir choisi de monter, en la dépoussiérant, cette oeuvre de Pirandello.

Datant de 1920, la pièce était plutôt révolutionnaire pour l'époque : à cause de sa mise en abyme, cet effet de théâtre dans le théâtre. Quelques comédiens, (grand premier rôle masculin, grand premier rôle féminin, et autres, dans la version originale) plus un metteur en scène, s'interrogent sur leur prochaine création, quand ils reçoivent la visite de six personnages à qui un drame est arrivé. Ces personnages en costumes intemporels (père, mère, belle-fille, beau-fils, fils et une petite fille) font irruption sur le plateau, demandant qu'on s'intéresse à leur histoire au point de la porter au théâtre, que des acteurs les incarnent, qu'ils vivent. A jamais. La grande trouvaille du metteur en scène adaptateur, est d'avoir réécrit tout le début, et d'avoir imaginé des passages oniriques où l'auteur (Pirandello) tente de faire le point sur cette grave question : Pourquoi a-t-il refusé d'écrire leur pièce ?

À la base, il y a eu un drame, une séparation et un quasi-inceste entre un père et sa belle-fille. Sexe et argent, donc, ainsi que de la honte. Il y a un fils rebelle et un autre, mutique, qui a, lui aussi, un secret. Tout ceci finira mal.

Nous avons droit aussi à de la vidéo, mais l'essentiel est, bien sûr, dans la confrontation des personnages avec ceux qui vont les incarner. Là, Braunschweig a suivi la prose de l'auteur. Il y a quelques longueurs, surtout dans la deuxième partie, mais les moments de grâce sont nombreux. On ne sait plus, d'ailleurs, quel réalisme renforce celui de l'autre, entre  personnages et  comédiens, tous excellents. Citons le père, joué par Philippe Gérard, « repris à la scène » par Christophe Brault, et la belle-fille, superbe Maud Le Grevellec.

Le metteur en scène, campé avec juste ce qu'il faut de nervosité tatillonne par Claude Duparfait, se prend au jeu : il demande aux personnages de revivre leurs scènes, s'enthousiasmant quand c'est « bien fait ». Il balaie d'un geste les objections qu'ils peuvent faire en se voyant « représenter ». Ce qui permet des trouvailles en écho aux interrogations de l'auteur : « On croit se comprendre mais on ne se comprend jamais.' Ou bien « Nous croyons tous être seuls alors que nous sommes chacun plusieurs. » Ou celle-ci qui pourrait figurer en exergue : « La vérité, la vérité, …au théâtre, c'est un peu plus compliqué que ça ! ».

La fin de la pièce devient le lieu de résolution des conflits. Le drame se dénoue alors, … et de quelle façon ! En bref, un spectacle dont les questionnements restent très actuels et que tous, metteur en scène et comédiens rendent d'une belle efficacité. À voir !

 

Gérard NOEL

 

 

Six personnages en quête d'auteur

Adaptation, mise en scène et scénographie de Stéphene Braunschweig.

Avec Elisa Bouchain, Christophe Brault, Caroline Chaniolleau, Claude Duparfait, Philippe Girard, Anthony Jeanne, Maud Le Grévellec, Anne-Laure Tondu, Manuel Vallade, Emmanuel Vérité.

Avec la participation de Annie Mercier.

Costumes : Thibault Vancraenenbroeck.
Lumière : Marion Hewlett.
Collaboration artistique : Anne-Françoise Benhamou.
Collaboration à la scénographie : Alexandre de Dardel.
Son : Xavier Jacquot.
Vidéo : Sébastien Marrey.
Maquillage et coiffure : Karine Guilhem.
Création du mannequin : Elise Kobisch-Miana.
Assistantes à la mise en scène : Pauline Ringeade, Catherine Umbdenstock.

 

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