Hervé Devolder est un génial touche à tout. Aussi à l'aise dans ses habits de musicien, parolier que de compositeur, (Chance, Babel, Jupes courtes et conséquences entre autres), il est également un comédien hors pair.

Le point commun qui réunit ces différentes disciplines ? Un solide sens de l'humour, un humour léger et qui manie avec efficacité la dérision et le décalé.

Il en fait encore une fois la preuve dans sa nouvelle création.

Il se livre ici à un véritable challenge qui demande maîtrise et savoir-faire sans faille avec Les fourberies de Scapin  de Molière en version seul en scène ! Un sacré culot !

Pari réussi et haut la main.

Partant du prétexte où un producteur part avec la caisse entraînant la défection de tous les artistes sauf lui, il joue le rôle de Scapin sans décor, avec un costume incomplet et un seul  accessoire, fantaisiste bien sûr, un téléphone.

Avec ça, il restitue l'histoire imaginée par Molière, jouant avec des personnages imaginaires auxquels il donne la réplique, matérialisés par des éclairages savamment étudiés.

Car il ne cède pas à la facilité d'incarner tous les personnages en se travestissant ou en modifiant sa voix comme on l'a vu tant de fois.

Non, il est simplement Scapin et aussi le comédien qui l'incarne, nous faisant comprendre les répliques supprimées par ses mimiques qui valent tous les commentaires.

Bondissant, l'œil malicieux, il fait tout même la sonnerie du téléphone, n'hésitant pas à convoquer à ses côtés Louis Jouvet et Molière lui-même.

Pour ne pas perdre le spectateur en cours de route, il ajoute apartés hilarants, trouvailles ingénieuses de mise en scène et joue avec habileté d'une connivence avec le public qu'une grande expérience de la scène lui permet de réussir à tous coups.

Ses interventions hors champs loin d'égarer le public l'éclairent en le remettant sans cesse sur les rails.

C'est imaginatif, diablement bien mené et profondément jubilatoire pour qui aime le théâtre.

Nicole Bourbon

 

Scapin

d'après Molière
Mise en scène : Hervé Devolder 

Avec : Hervé Devolder