Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75005 Paris
01 42 22 66 87

Jusqu’au 1er Juin 2019,
du mardi au samedi à 20h,
dimanche à 17h.

 

 Photo : Pierre Colletti

L'immortel chef d'oeuvre du grand Wiil en 1h15 chrono, il fallait oser. L'action a été un peu (trop ?) resserrée et le nombre de personnages réduit. Ne restent que les principaux, les amoureux, la nourrice, le frère Laurent, Mercutio, Tybalt. On a droit aussi à des apparitions de personnages annexes.

Autant dire que cette présentation est originale : elle a voulu conserver l'esprit de la pièce à défaut de l'ensemble des péripéties, qui étaient nombreuses. Au début, face à ces personnages qui évoluent sur une scène vide cernée de rideaux noirs, on a un peu peur. Et puis, la nourrice est truculente, les amoureux... enflammés. Surprise : il y a de la musique et de la danse aussi comme si, au lieu des péripéties, on étirait les moments, on choisissait de les faire mieux partager.

On se souvient que, dans cette pièce, Capulet et Montaigu sont deux familles ennemies depuis des lustres. On voudrait marier Juliette à un chevalier. Or, Roméo, flanqué de son fidèle Mercutio s'immisce dans une fête de l'autre clan... où se trouve Juliette. Il la rencontre, elle le charme (et réciproquement). Déjà, vu l'antagonisme des deux familles, ça part mal. Roméo et Juliette peuvent compter sur deux aides précieux, le frère Laurent et la nourrice. La scène du balcon, où Roméo déclare sa flamme est heureusement revisitée.

Suite à diverses péripéties, Tybalt et Roméo manquent de se battre. Beau moment, par parenthèse, que ce combat mené avec efficacité, évoqué puis repris pour de bon : Mercutio affronte finalement Tybalt et Roméo, en voulant s'interposer, cause la mort de son ami. Il tue alors Tybalt à son tour et la pièce, avec poison et tragique malentendu à la clé, peut aller vers sa conclusion. Encore une fois, cette fin n'est pas surjouée, comme parfois. On apprécie sa sobriété.

Manon Montel est l'âme de ce spectacle : adaptatrice, metteuse en scène et comédienne, il y a sur ses épaules, comme une pression : un peu trop exaltée au début, elle trouve assez vite le ton juste, l'émotion qu'il faut et les passages dansés avec son partenaire sont élégants. Ils traduisent, mieux que des mots, leur insouciance et leur amour. Les comédiens sont aussi (pour certains) musiciens, ce qui nous vaut des morceaux joués et/ou chantés plutôt plaisants.

Xavier Berlioz prête son côté bourru et rassurant au frère Laurent.

Thomas Willaime est convaincant en Roméo, comme Jean-Baptiste des Boscs en Tybalt.

Nous avons gardé pour la fin Léo Paget qui interprète, tout en finesse en ambiguïté, le rôle de Mercutio.

Gérard Noël

 

Roméo et Juliette

de William Shakespeare.
adaptation et mis en scène : Manon Montel

avec : Xavier Berlioz, Jean-Baptiste des Boscs, Claire Faurot, Manon Montel, Léo Paget et Thomas Willaime

Assistante mise en scène : Armance Galpin
Musique originale : Samuel Sené
Lumières : Arnaud Barré
Costumes : Madeleine Lhopitalier