RÉVOLUTIONNAIREMENT VÔTRE ! |
Théo Théâtre Jusqu’alors, dans notre bon vieux paysage culturel français, nous avions Le grand blond avec une chaussure noire. Aujourd’hui s’y rallie le Grand Brun avec une Redingote à Paillettes. Voilà le ton badin, humoristique et d’une provocation savamment dosée insufflé par Jérémie Hamon dans sa toute première création théâtrale qui se déguste comme une comédie populaire et réussie. Se fondant sur des faits historiques réels, donc sérieux, l’histoire se révèle truffée de clins d’œil et de références au cinéma (James Bond, les films de cape et d’épée…), à la chanson (Dalida, Barry White, les Beatles, Broadway…), mais également à l’actualité économique et politique universelle (les rapports de pouvoir entre hiérarchies, les crises financières, la condition des femmes…). Dans un décor plus que minimaliste, portés par une mise en scène basique et sans surprise, les comédiens sont savoureux, avec une mention spéciale à Jeannine Milange, religieuse un peu trop fofolle pour être honnête, tantôt chipie, tantôt tragédienne échevelée dont la véhémence fait fuir les matelots ( !), et à Jérémie Hamon, jeune aristocrate au visage très expressif, qui sautille et manie le pistolet comme personne, à part peut-être Gaston Lagaffe. Anne-Orvelin, comédienne un peu froide mais parfaitement rôdée aux techniques de jeu, complète ce sympathique trio qui nous entraîne dans un labyrinthe spatio-temporel, entre la France, l’Angleterre et l’Amérique, tant sur terre que sur mer. Comédie baladeuse, où les protagonistes s’en donnent à cœur joie pour le plus grand plaisir des spectateurs qui, en aucun cas, ne se voient pris en otage d’une réflexion grave et complexe. Ici, la parodie coiffe au poteau la profondeur des sujets abordés. Il faut également saluer le très beau et minutieux travail de la costumière, laquelle a confectionné les somptueuses robes que portent les comédiennes au dernier acte. S’il fallait énoncer un point négatif à cet ensemble, nous pourrions regretter que l’intention parodique n’ait pas été poussée plus avant, non pas dans l’interprétation, mais dans le texte lui-même et les scènes. Quitte à vouloir ressortir la guillotine, autant carrément pousser le couperet dans ses derniers tranchements…
Natalia FINTZEL-ROMANOVA
Révolutionnairement vôtre ! Auteur : Jérémie Hamon
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