RÊVES D'OCCIDENT

Théâtre de la Cité Internationale
21 A boulevard Jourdan
75014 Paris
0143135060

Jusqu’au 26 octobre
Les lundis, vendredis 20h, les mardis, jeudis, samedis 19h, Dimanches 16h, relâche les mercredis

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L’auteur, Jean-Marie Piemme, s’inspire de La Tempête de Shakespeare pour tracer le tableau de cinq siècles d’évolution de nos sociétés occidentales. La Tempête est une sorte de huis clos à ciel ouvert qui se déroule sur une île inconnue. La pièce de Shakespeare met en scène Prospero, ex duc de Milan qui a pris possession de cet îlot grâce à ses livres, sa magie. C’est ainsi qu’il domine le peuple habitant l’île dont Ariel, esprit léger et Caliban, esprit sombre. Jean-Marie Piemme reprend cette situation de départ ainsi que les personnages principaux de l’histoire originale pour développer un discours tout azimut sur le progrès.

Pour le reste, l’histoire fait tranquillement dériver cette île isolée vers nos mégapoles hyper-connectées, hyper-surveillées. Car la magie telle qu’elle existait dans le théâtre élisabéthain a été remplacé par la science, la technologie. C’est de cela qu’il est question ici, et l’on croirait assister à un déraillement continuel de cette volonté de progrès qui avance sans avoir conscience de broyer les humains au passage. Et même si tout paraît planifié dans cette course toujours plus grande vers la domination de la nature par l’homme, ce qu’exprime Rêve d’Occident est le schéma d’un laboratoire capharnaüm aux harmonies folles.

Spectacle atypique qui s’exprime dans une modernité de langage assumé et un éclatement de la narration elle aussi voulue par l’auteur et le metteur en scène de la pièce, Jean Boillot. L’espace scénique est ainsi fragmenté entre un podium en avant-scène, des instruments (pour la plupart des percussions) de part et d’autre et un immense castelet où les décors peints réclament à grand renfort de carton pâte et de couleurs éclatantes l’esprit du théâtre et des ses anciennes machineries. Un clin d’oeil kitch qui démesure le réel et installe la pièce dans l’imaginaire, un imaginaire de conte tout d’abord qui bascule bientôt dans ce nouvel imaginaire au travers des écrans des caméras de surveillance qui établissent le pouvoir de l’ordre technologique et scientifique.

Spectacle très musical également, avec des créations sonores et chantée interprétées pour la plupart en live par deux musiciennes et une chanteuse. Musique, elle aussi, kaléidoscopique, vaguement étrange, contemporaine, aux mesures aléatoires.

Sans oublier le jeu très dynamique, très précis des comédiens qui donnent chair à des scènes à la fois épiques et ironiques. La mise en scène de Jean Boillot s’amusant à multiplier les anachronismes et semant partout des références directes à notre époque.

Tous ces éléments scéniques et narratifs font de cette pièce un spectacle inclassable, une métaphore complexe de l’histoire de la science et de la technologie, un conte amusé un peu trop dispersé mais âprement bien défendu par des une belle troupe de comédiens.

Bruno Fougniès

 

Rêves d'occident

Texte de Jean-Marie Piemme
Mise en scène de Jean Boillot
Compositeur Jonathan Pontier
Mise en scène Jean Boillot
Direction musicale Jean-Yves Aizic
Scénographie Laurence Villerot
Créateur lumière Ivan Mathis
Création costumes Pauline Pô
Creation vidéo Emilie Salquèbre et Olivier Irthum
Régisseur son Perceval Sanchez
Construction décors Ateliers du NEST

Avec Mathilde Dambricourt (musicienne), Lucie Delmas (musicienne), Nikita Faulon, Géraldine Keller (liane et chant), Philippe Lardaud, Régis Laroche, Axel Mandron, Cyrielle Rayet, Isabelle Ronayette

 

Mis en ligne le 13 octobre 2019