RÉSUMONS-NOUS, la semaine a été désastreuse

Théâtre de la Commune d'Aubervilliers
rue Edouard Poisson
93304 Aubervilliers cédex
Tel : 01.48.33.16.16 

Du 10 au 31 octobre 2013
Et ensuite en tournée.

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Mis en ligne le 4 novembre 2013

Résumons-nous
© Mario Del Curto 

Qui connaît encore Alexandre Vialatte, sauf peut-être les fans de Desproges et Philippe Meyer lesquels disent (ou ont dit)  tout le bien qu'ils pensaient de ce vieil auteur et journaliste auvergnat. Un Auvergnat doté d'une curiosité insatiable et surtout d'une plume qu'il trempait dans un peu d'acide et beaucoup de fantaisie, en écrivant chaque jour sa chronique. Alexandre Vialatte, outre ses activités de traducteur (il a quand même introduit Kafka en France !) était un romancier, auteur de « Les fruits du Congo » ou encore « Battling le ténébreux ». Il est surtout connu pour ses fameuses chroniques, des milliers, qu'il dispensa dans diverses publications et surtout son journal  local à lui, « La Montagne ». Jacques Nichet  s'en est emparé : il a du en lire et relire pas mal, faire un choix drastique, et Charles Tordjman s'est assuré le concours de trois comédiens brillants pour mettre la chose en scène.

C'est plus une présentation en fait, qu'une vraie mise en scène : qu'ajouter de plus à cette prose farceuse ? On peut entrer et sortir, faire bouger une ampoule ou se gondoler le sol, …l'essentiel reste dans les mots. Et ils sont drôles, ces mots, ils sont nets, ils ont le brillant de la fête et souvent l'émotion à fleur de phrase de celui qui ne s'est jamais remis de l'enfance ou du temps qui passe. On y parle de la météo, des journaux qui paraissent. Vialatte se fait critique pour des livres juste parus, un sur Eva Peron, un autre de Claude Farrère sur la marine. Celui de Romi sur le suicide, qui lui fait écrire : « Qui dira pourquoi, en face d'une mitrailleuse, on n'a jamais envie de se tuer ? »

Ailleurs, il fustige les vacances : « Le Parisien ne va pas en villégiature, il transhume. » ou, érudit pour rire, disserte sur la peste des écrevisses. Rien ne le prend en défaut, ni l'histoire : « la Femme remonte à la plus haute antiquité ! » ni la civilisation qu'il décrit « couverte de plaies, comme un eczéma qu'on gratte. » Un des morceaux de bravoure du spectacle est un commentaire très sérieux sur un dessin de Chaval représentant trois hommes quelconques courant sous un nuage noir et intitulé « pharmaciens fuyant l'orage ». C'est du pur délire. Vialatte, par ailleurs, parsème ses textes d'expressions récurrentes comme « on voit par là… » avant d'enchaîner avec tout autre chose et conclut invariablement par : « Et c'est ainsi qu'Allah est grand ».

La truculente Christine Murillo, la fine et élégante Julie Pilod et Dominique Pinon, qu'on ne présente plus, se partagent les textes. Ils s'en sortent mieux que bien. On est heureux de partager ces moments avec eux et l'on n'aura rien de plus pressé, en sortant, que d'aller relire Vialatte dans le texte.

Gérard Noël

 

 

Résumons-nous, la semaine a été désastreuse

D'après « Chroniques de la Montagne, de Alexandre Vialatte.
Mise en scène : Charles Tordjman.

Avec : Christine Murillo, Julie Pilod, Dominique Pinon.

Adaptation Jacques Nichet.
Collaboration artistique : Pauline Masson.
Scénographie : François Azambourg, Hellène Gaulier et Vincent Tordjman.
Lumières : Christian Pinaud.
Costumes : Cidalia Da Costa, assistée de Hafid Bachiri et Anne Yarmola.
Musique : Vicnet.