Quel bijou que ce spectacle-là, une merveille de rocambolesque, d'humour, de mouvement, d'extravagance, de fantaisie, écrit dans un langage riche et raffiné au rythme soutenu, un vrai plaisir pour l'oreille.

Il faut dire que l'auteur est Théophile Gautier, plus connu comme poète et pour son roman Le capitaine Fracasse que comme dramaturge.

Il commit en 1847 cette petite pièce qui depuis ne fut plus jamais jouée. Et c'est fort dommage.

Heureusement Jean-Claude Penchenat, qui fut cofondateur du Théâtre du Soleil, a du flair et a eu la bonne idée de l'exhumer.

Pendant une heure vingt, il nous emmène en Espagne à grands renforts de longues capes noires, de mantilles, de castagnettes et de claquements d'éventails, pour une parodie de cape et d'épée complètement folle, dans cette sorte de  parodie de Ruy Blas échevelée et désopilante où fleurissent clins d'œil à Shakespeare et à la Commedia dell Arte.

L'histoire est menée par un personnage, Désiré Reniflard, interprété avec un brio remarquable par Paul Marchadier, qui est le narrateur de l'histoire, mais pas que…. Mimant parfois l'action, admonestant ses comédiens du geste et de la voix quand il lui prend de rectifier un accent ibérique pas assez conforme, ce coryphée moderne sans une once de dramatique devient également bruiteur des duels sans épée à l'aide d'ustensiles de cuisine, accessoiriste, et également  figurant, réussissant à cerner le héros en incarnant à lui tout seul une troupe  d'alguazils !

On ne s'ennuie pas une seconde, séduit à chaque instant par une trouvaille inattendue, un jeu de scène hilarant, et surtout des interprètes inspirés maîtrisant à la perfection un jeu survolté et d'une grande justesse.

Nicole Bourbon

 

Regardez mais ne touchez pas

De : Théophile Gautier

Mise en scène : Jean-Claude Penchenat, Maria Antonia Pingitore

Avec : En alternance : Alexis Perret, Damien Roussineau, Paul Marchadier, Samuel Bonnafil, Chloé Donn, Jeanne Gogny, Flore Gandiol, Sarah Bensoussan, Judith Margolin