Théâtre des Bouffes Parisiens
4, rue Monsigny
75002 Paris
01 42 96 92 42

Jusqu’au 31 décembre 2017
Mardi au samedi 21h00
matinées le samedi à 17h30 et dimanche à 15h00

 

Photo © Celine Nieszawer 

 

 

Si l’on se réfère à ses deux dernières créations : Momo et Deux hommes tout nus, je classerais Sébastien Thiéry comme un auteur en marge des chemins de l’écriture convenue, guidé sans doute par une plume particulièrement originale. Il a cette fois imaginé une histoire qui semble tordre le cou au bon sens de la réalité. C’est une pièce surprenante mais dans le bon sens du terme et c’est avec un regard proche du voyeurisme que l’on se laisse embarquer dans cette folle histoire, une sorte d’invitation à rentrer dans la tête de ses personnages.

Jean qui après un grave accident de voiture est condamné à la chaise roulante et sa femme Élisabeth attendent pour dîner leur fille Bénédicte et son mari Matthieu dans leur très confortable maison de campagne. Mais le gendre arrive seul et semble incapable d’expliquer pourquoi sa femme n’est pas avec lui. C’est alors que s’engage une suite d’explications incohérentes voire délirantes sur l’absence de sa femme jusqu’à leur avouer l’assassinat de leur fille qu’il aurait laissée sans vie dans un trou creusé à l’orée d’un bois. Le drame est joué et pourtant Bénédicte arrive enfin à ce moment de grande confusion.

Pourquoi Matthieu a-t-il inventé cette sordide histoire ? Serait-il un pervers manipulateur qui veut torturer psychologiquement cette famille de bourgeois tranquilles ? Ou bien ce sont les parents qui ne comprennent plus les choses comme si une forme de réalité s’échappait de leur esprit. À ce moment de l’histoire il y a pourtant un choix à faire. Suivre le point de vue rationnel de Jean et Élisabeth ou imaginer que la folie qui s’installe par petites touches déséquilibre le vraisemblable car la suite est encore plus cruelle sans bien entendu en dévoiler la fin toute aussi surprenante.

Même si le spectateur peut se perdre un peu dans cette histoire, c’est une pièce où curieusement on rit beaucoup et c’est sans doute par la magie un peu folle de l’auteur mais aussi par l’excellence de l’interprétation des quatre comédiens qui jouent tous sur le fil du rasoir. François Berleand est d’une justesse époustouflante, Éric Emosnino rayonne par son talent tandis qu’Évelyne Buyle est parfaite dans le rôle de la femme partagée entre réel et irréel, Élise Diamant est l’idéale Bénédicte de cette famille sous pression. Je finirais par une mise en scène sans faille de Stéphane Hillel dans un décor riche et grandiose. Excellente pièce à voir si l’on veut être surpris mais qui n’a strictement aucun  rapport avec le pharaon Ramsès II qui en est pourtant le titre à part peut-être un clin d’œil à l’Egypte mais ce choix de l’auteur est sans doute pour accentuer encore un peu plus l’invraisemblable.   

Patrick Rouet

 

Ramsès II

Auteur : Sébastien Thiéry.
Mise en scène : Stéphane Hillel assisté de Marjolaine Aizpiri.

Avec : François Berléand, Éric Elmosnino, Évelyne Buyle, Élise Diamant

Costumes : Anne Schotte
Décor : Jacques Gabel
Lumières : Dominique Borrini
Vidéo : Léonard