QUELQUE PART AU MILIEU DE LA NUIT
Théâtre Pixel
18 rue Championnet
75018 Paris
Tél : 01 42 54 00 92
Jusqu’au 31 octobre, les jeudis et samedis à 19h45
Théâtre Le Proscenium
2, passage du bureau (angle du 170 rue de Charonne)
75011 Paris
01 40 09 06 77
Les jeudis de novembre à partir du 12 à 19h30
Les dimanches de décembre à 15h00
Daniel Keene est un auteur australien qui a l’habitude de scruter la société occidentale au travers des gens ordinaires. Une sorte de dentelle littéraire caractérise son style. Peu de personnages, des scènes courtes, des dialogues au vocabulaire le plus quotidien.
Dans la construction de ses pièces, il transpose souvent les techniques cinématographiques du montage, du cut, de l’incrustation. Pas de scènes de présentation, on est d’emblée dans la situation. Mais “gens ordinaires” ne signifie pas situation ordinaire.
Ses thématiques sont toujours des moments de crises face au manque, à la maladie, à l’affection. C’est un des rares auteurs qui ose flirter avec le pathétique sans s’y noyer.
Pour le reste, on est ici dans du théâtre documentaire. Un jeu vrai, simple, réaliste. Une fille, une mère, toutes deux dévastées par la maladie d’Alzheimer.
C’est toute la beauté de ce texte que de mettre dans la même lumière le désarroi de la mère en train de perdre la mémoire et la panique de sa fille face à cette défaillance.
La mise en scène de Laura Perrotte intègre au texte de Daniel Keene un système de projection de diapositives qui vient animer les nombreux changements de scène : on y voit, projetés sur le fond du plateau, des images de vacances, des paysages, des personnages, toutes séries de photos de famille, catalogue de souvenirs qui s’effacent les uns après les autres pour laisser place au suivant. La mémoire est là, visible, en train de défiler peut-être pour la dernière fois. Ces projections mettent une distance avec le réalisme volontaire de la pièce.
Mais toute la tension de l’histoire repose sur les deux comédiennes qui doivent tisser au fil des courtes scènes, ce rapport nouveau, étrange, dérangeant, de cette fille obligée de devenir comme une mère pour sa propre mère.
À ce jeu, le texte de Daniel Keene n’est pas facile : c’est dans les interstices, les silences, les regards que tout se construit et vibre. Certaines scènes fonctionnent, d’autres moins. Et l’on a un peu de peine à imaginer dans ce décor, la solitude monstrueuse au milieu du monde où ces deux femmes se dirigent sans autre échappatoire.
Bruno Fougniès
Quelque part au milieu de la nuit
Texte de Daniel Keene
Traduction de Séverine Magois
Mise en scène, scénographie et costumes de Laura Perrotte
Avec : Marie Petitjean et Jeanne Mercier ou Linahauteja (en alternance)
Mis en ligne le 18 octobre 2015