POWER LUNCH
Au théâtre Clavel,
3 rue Clavel
75019 Paris.
06 65 96 64 18
Jusqu'au 31 mai 2014
Du jeudi au samedi
à 21h30.
Alan Ball, outre ses talents d'auteur de série (« Six Feet Under » et « True Blood », notamment) est aussi auteur de théâtre : on peut citer « Cinq filles couleur pêche » qui fit son petit effet, en son temps.
« Power lunch » est une pièce à deux personnages principaux, mais l'originalité, pour le metteur en scène, a consisté à multiplier le nombre par quatre. Nous voici donc avec quatre hommes, plutôt typés et quatre femmes (même remarque). Il faut y ajouter un serveur et une serveuse, dont l'ambiguïté est source de gags… tout autant que de messages. Il y a des chaises, en vrac, tirées d'un côté à l'autre du plateau et un fond de scène lumineux, plutôt efficace.
Il sera question d'argent, de pouvoir. Et d'amour, bien sûr. Est-ce dû au fait que l'auteur soit américain... toujours est-il que les choses sont (ou se veulent) carrées, signifiantes. On n'est pas là pour rire même si le ton reste léger et quotidien. Il y a des moments de creux, des moments où le rythme faiblit, malgré la virtuosité du metteur en scène pour animer tout cela.
Une rencontre ? C'est tout de suite la méfiance. Les choses ne vont pas d'elles-mêmes. Et puis on s'adapte. Une danse est la bien venue pour casser ce rythme un peu systématique du « Je te parle, tu me réponds » et on change d'interlocuteur/trice à chaque fois. Ou alors on assiste à une brève parodie de procès, qui aurait pu être développée. La vie sociale et ses problèmes, les rivalités hommes/femmes, thèmes éternels, sans doute, forment la trame et le fond du propos.
Au crédit du spectacle, il y a des trouvailles, cette deuxième partie, où les hommes et les femmes se scindent en deux : un paso doble électrique s'ensuit, avec des rapprochements et des déclarations, le genou à terre pour les hommes. Beaucoup de choses pertinentes, et comment. Par exemple : « La pire chose à faire à une femme, c'est lui dire ce qu'elle rêve d'entendre ! ». Ou encore, quand l'homme lance : « Je ne PEUX pas vous laisser faire ! » et que la femme lui réplique qu'elle n'a pas besoin d'autorisation.
Pour l'originalité et l'allant, pour ces comédiens et comédiennes, très investi(e)s, on peut voir se spectacle. Il se regarde agréablement et propose des réflexions plutôt bien venues sur la société, le travail et les relations entre hommes et femmes.
Gérard Noël
Power Lunch
Texte d'Alan Ball.
Mise en scène : Christophe Botti. Assisté de : Françoise Levesque.
Avec : Alexandre Dugot, Fabienne Egal, Marion Isvi, Hoël Le Corre, Laurent Bellini, Jean-Marc Dethorey, Nicolas Evrard, Valentin Grizou, Geoffrey Suberville.
Conseiller chorégraphique : Benjamin Castaneda
Scénographie : Julien O. Musique : Aube L.