Théâtre des Déchargeurs
3 rue des Déchargeurs
75001 PARIS
08 92 70 12 28
Du 17 au 28 avril, à 19h30 et du 03 au 26 mai, à 21h30.
Au départ, il s'agit d'un ouvrage d'Antoine Buéno, un brûlot intitulé « le petit livre bleu » et consacré aux monde des Schtroumpfs. D'après l'auteur, cette œuvre si populaire du dessinateur belge Peyo, est plus complexe qu'elle n'en a l'air. Elle aurait tout un arrière-plan farci de relents xénophobes, voire racistes. Gros succès de 2011, au point que le livre était épuisé. L'idée est venue de le porter sur scène. Pourquoi pas ? On porte tout sur scène, des réflexions
sur la physique quantique, des bios, voire les relations entre les hommes et les femmes.
Antoine Buéno, se souvenant à propos qu'il est chargé d'enseignement et qu'il a été chroniqueur radio, s'est lancé dans l'entreprise. « On n'est jamais mieux servi que par soi-même ! » a-t-il du se dire, …et voici donc « Politiquement Schtroumpf », conférence illustrée de mimes.
Dans le rôle du conférencier, Buéno lui-même. Il est plutôt à l'aise. Improvisant à l'occasion. Il arpente le plateau, en costume strict, avec une cravache ( ?) à la main, qui lui sert à désigner tel ou tel élément visuel. Une trouvaille, que ce tableau style powerpoint : on y voit les titres des chapitres, des images qui ont un rapport avec ce qu'il dit, voire (façon potache) qui n'en ont un que très lointain, d'où les rires du public. Nous avons aussi droit à une Schtroumpfette
blonde, un peu vamp. Elle ne fait pas grand-chose, se contentant, comme nous, d'écouter la conférence et de lire à voix haute les titres des chapitres. Deux comédiens assistent le prof, en jouant un Schtroumpf ou un autre (après tout, ils sont par définition tous pareils ou presque) le Schtroumpf grognon ou bien le grand Schtroumpf.
Venons-en à la théorie de Buéno : il pointe du doigt l'avidité et le nez crochu de l'ennemi juré des petits hommes bleus, Gargamel, dont le chat, qui plus est, se nomme Azraël. S'interroge avec sérieux sur la sexualité des Schtroumpf, le rôle de la Schtroumpfette, seul élément féminin de ce monde d'hommes. Il nous éclaire, au passage sur la trame de chacune des aventures, où un élément perturbateur surgit, avant la résolution finale. Celle-ci, le plus souvent est
le fait du Grand Schtroumpf. Parlons-en, de celui-là : il serait une sorte de Staline dans une société à la fois collectiviste et idéale. L'absence d'argent n'empêche pas que les malheureux travaillent dur, loin, très loin de ce « bonheur écoeurant » dont parlait Renaud. Tout ceci va loin, mais ce ne sont que des idées, relativise Antoine Buéno.
Nous avons là un spectacle où le contenu prime sur le contenant. C'est un peu dommage. L'auteur-metteur en scène aurait pu laisser davantage le parole aux comédiens, imaginer des saynètes plus longues, au lieu de se contenter d'illustrer. On apprend au moins des choses sur ce monde parfait cher à la BD. Et elles ne sont pas anodines. Le même travail d'analyse pourrait d'ailleurs être fait avec d'autres œuvres dessinées.
Au final, on a eu l'impression d'assister à un drôle d'OTNI (objet théâtral non identifié) qui ne se prend pas trop au sérieux. Pas déplaisant à regarder non plus.
Gérard Noël
Politiquement Schtroumpf
De Antoine Buéno, avec lui-même, Pierre Bougeard, Anne Bouillon, Xavier Lannuzel, en alternance avec Julien Ardeois, Clément Cabot. Costumes : Bérénice Mottelay.
|