PIÈCE EN PLASTIQUE
L’Usine Hollander
1 rue du Dr Roux
94600 Choisy-le-Roi
01 46 82 19 63
Jusqu’au 22 octobre et du 9 novembre au 3 décembre 2017
jeudi, vendredi, samedi 20h30
dimanche 18h00
Le titre français joue sur l’ambiguïté morceau/spectacle, alors que le titre allemand n’évoque que le premier élément. Dans ce texte d’un jeune auteur autrichien (assez proche de Thomas Bernhardt) on retrouve moins le mordant et l’originalité de « Le moche » du même auteur, qui nous avait enthousiasmé en d’autres temps.
Ici, le décor, sobre et clair évoque une galerie d’art. Il y a un couple, Michael, médecin au bout du rouleau, et Ulrike, assistante d’un créateur, qui a des velléités artistiques. Leur fils, Vincent, ado toujours pourvu d’une caméra et Haulupa, le fameux plasticien. Enfin, celle sur qui beaucoup de choses vont se cristalliser, Jessica. Elle est la femme de ménage, celle qui s’occupe aussi de Vincent.
Cela commence doucement : le couple se dispute à propos de Jessica : elle pue, clame Ulrike, renvoyons-la. Michael argumente et c’est parfois drôle. Il y a ensuite une histoire d’argent et le fait que Vincent filme Jessica sous sa douche. Un peu solitaire, pas vraiment épanouie, Ulrike voudrait bien « copiner » avec sa bonne, tandis que Haulupa la découvre et la choisit hystériquement comme muse. À des degrés divers, cette femme devient donc incontournable. Fantasmatique. Elle est un point de polarisation… voire un remords. Or, c’est une prolétaire, on ne cesse de le répéter.
Réflexion un peu lourde sur la lutte des classes, on se croirait dans les années 1970. Il y a aussi la sexualité du couple, au centre de la pièce, de même qu’une réflexion sur l’art moderne, pas vraiment nouvelle ou l’engagement personnel (le médecin hésite à partir en Afrique et ne le fait finalement pas). La mise en scène est au service du propos, avec souvent des trouvailles bien venues et un sens aigu de l’espace. Les comédiens, bien choisis, font mieux qu’habiter leurs rôles : Jean-Michel Marnet, minéral en Michael, et Bettina Kühlke, déchirée et déchirante dans le rôle de Ulrike.
Le souci est que Von Mayenburg pousse chaque scène et chaque intention, surtout dans la deuxième partie, jusqu’au malaise. Personnages torturés, tensions dues à la situation… le malaise finit par se communiquer aux spectateurs. D’où un sentiment mitigé à la sortie du spectacle. Cela dit Marius von Mayenburg est une voix intéressante… le mieux serait donc d’aller vous rendre compte par vous-mêmes.
Gérard Noël
Pièce en plastique
La Cie La Rumeur
De Marius von Mayenburg.
Mise en scène ! Patrice Bigel.
Scénographie, lumières : Jean-Chalres Clair.
Avec : Karl-Ludwig Francisco, Bettina Kühlke, Jean-Michel Marnet, Juliette Parmantier, plus trois jeunes comédiens qui se partagent le rôle de Vincent.
Mis en ligne le 16 octobre 2017