Théâtre Mouffetard
73, rue Mouffetard
75005 Paris
01 43 36 87 88
Jusqu'au 25 février 2012.
Du mercredi au vendredi à 20h30. Le samedi à 17h et à 21h. Le dimanche à 15h.
La compagnie Le Théâtre du Conte Amer, se dit Laboratoire de l’acteur et du spectateur.
Comme tel, elle plonge au cœur même de l’œuvre, en décortique chaque mot, chaque intention.
Phèdre, c’est cinq actes, trente scènes, mille six cent cinquante-quatre majestueux alexandrins, déclamés pour la première fois en 1677 par six personnages principaux.
C’est une démonstration de sentiments, haine et amour confondus et aussi une vraie partition musicale, avec ses accélérations, ses enchaînements et ses silences,
Flirtant avec l’inceste, dans un contexte où l’amitié, l’amour et la filiation se battent avec l’éthique, où tous les protagonistes sont atteints de ce mal dévastateur créé par des tensions irrésolues, faite de fractures semblables à celles causées par des mouvements telluriques, elle peut effectivement se prêter à une véritable mise en abîme.
Les comédiens se livrent donc ici à un impressionnant corps à corps avec le texte, qui seul compte ; pas de décor, sur un plateau nu les mots sont joués à l’extrême, voire dansés, mais au détriment de l’émotion. Cela tient de la démonstration plus que du théâtre.
Je salue ici la performance presque sportive de la troupe mais sans être particulièrement puriste j’avoue avoir eu du mal à adhérer à leur conception du théâtre qui fait penser à une exposition d’art contemporain appréciée par un public prévenu et initié.
C’est intéressant pour un public averti, mais je trouve dommage d’y convier un public scolaire qui risque d’avoir une drôle d’image du théâtre de Racine. D’ailleurs des rires ont parsemé la représentation et à la sortie les mots ridicule, grotesque, revenaient souvent dans la bouche des jeunes présents. Preuve qu’ils n’avaient pas compris la démarche.
Avis aux professeurs qui voudraient y emmener leurs élèves, cette version particulière demande un énorme travail en amont pour être appréhendée au mieux des intentions de ses concepteurs.
Nicole Bourbon
Phèdre de Racine.
Par Le Théatre du Conte Amer
Mise en scène : Ophélia Teillaud et Marc Zammit.
Avec Ayouba Ali (Hippolyte), Mona El Vafi (Aricie), Masato Matsuura (Ismène et Panope), Camille Metzger (Oenone), Ophélia Teillaud (Phèdre), Marc Zammit (Thésée et Théramène).
Costumes : Corinne Baudelot.
Lumières : Benoît Gardent.
Costumes Corinne Baudelot
LumièresPascal Moulin et Marc Zammit
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