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Une nuit "Homérique" André Fornier est un enchanteur, un magicien, un fou. Pour la 12ème édition de la Biennale du Fort de Bron, il a une nouvelle fois emporté le public dans un autre monde. Véritable tour de force déjà dès l'écriture pour avoir condensé les 24 chants de l'Odyssée d'Homère en 5 seulement sans que l'on perde rien de l'histoire.Le texte est dense, très littéraire, quelques imparfaits du subjonctif s'en échappent de ci de là, sans jamais pour autant être ennuyeux, grâce au jeu des comédiens et à l'humour qu'André Fornier distille avec ses dieux facétieux et chamailleurs.
Ensuite pour la scénographie. Le lieu se prête à merveille à cette odyssée. et André Fornier en a exploité avec art les possibilités. Dans le magnifique décor qu'offre ce fort du XIXème siècle, le public déambule, guidé par les Muses, de lieu en lieu, souterrains, caves, cours intérieures et allées boisées.. Réparti en plusieurs groupes, il va ainsi se retrouver tour à tour dans le sombre domaine d'Hadès, Dieu des Enfers, à Ithaque dans le palais d'Ulysse, dans l'Agora, (magnifique espace scénique - voir photo) à Lacédémone et enfin chez Alkinoos, pour la scène finale du banquet auquel il est convié. Là, dans une immense clairière, des tables sont dressées, et le public s'installe pour partager le repas, accompagné de musiciens.
Une fois encore, exploit des compositeurs qui ont essayé de retrouver ce que pouvait être la musique au temps d'Ulysse. Didier Capeille et Philippe Destrem, ont créé musiques et même instruments, donnant ainsi une dimension originale à l'uvre musicale.
Tout est extrêmement travaillé et pourtant à aucun moment on ne sent l'effort, tant les scènes semblent couler de source.
Véritable challenge aussi pour les comédiens qui jouent mêlés au public, jouant de ses réactions, et qui doivent s'adapter à toutes les circonstances, adaptant leur voix selon les lieux : plein air, ou caves, selon l'heure et selon la qualité de l'air. Tous sont exceptionnels, complètement habités par leur rôle.
Les décors s'intègrent parfaitement, l'aménagement de la clairière pour la dernière scène est époustouflant : superbe scène centrale, tout autour une bonne soixantaine de tables rondes de 6 places attendent le public, En périphérie des miradors à tête de taureau vont accueillir les Dieux Zeus, Athéna, Hermès et Poséidon. Le tout est cerné de grands arbres qui, leur cime agitée par le vent, ajoutent au grandiose de la scène.
Ulysse est rentré à Ithaque, la boucle est bouclée, les lumières s'éteignent, la nuit et le silence retombent sur la clairière, le public s'éparpillent dans les chemins, heureux d'avoir, l'espace d'une soirée, côtoyé les Dieux. |
