NOUS QUI SOMMES CENT

Au Théâtre Ouvert, Jardin d'Hiver
4 bis cité Véron
75018 PARIS
01 42 55 55 50

Jusqu'au 14 février 2014.
Mardi à 19h. Mercredi au samedi à 20h.
Matinée le samedi à 16h.
Relâche exceptionnelle le 31 janvier.

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Mis en ligne le 25 janvier 2014

Nous qui sommes cent

Étrange pièce que nous propose Jonas Hassen Khemiri. Ce jeune auteur (tunisien de père et suédois de mère) connait un véritable triomphe en Suède, avec ses romans et son théâtre. L'occasion de le découvrir est trop belle, saisissons-la.

Il nous présente ici trois femmes qui sont (on le voit assez rapidement) trois âges de la même femme. Ou bien trois états de sa psyché, moi, surmoi et ça. La connotation psychologique est permanente tout au long du spectacle, même si elle n'est pas appuyée. Cette femme, donc, naît, grandit…fait des rencontres, une en particulier avec Arthur, son futur mari. Plus tard, elle aura des difficultés de couples, changera de métier, s'orientant vers l'hygiène bucco-dentaire…

Tout ceci est traité dans un rapport plutôt frontal, et les trois comédiennes, même si elles sont « entre elles », jouent le plus souvent pour le public. Il y a, au début, un côté lassant, dans cette énonciation permanente, ces voix « lancées » qui psalmodient trop.  A l'évidence,  cette œuvre, très écrite, passe mal la rampe théâtrale. C'est peut-être plus un texte destiné à la radio… puisque la mise en scène, guère inspirée, ne fait que commenter et sur-exprimer ce qui est déjà dit par l'une ou l'autre.

On voit bien que l'intérêt, pour l'auteur, c'est ce rapport  des trois âges de la femme : parfois, une affirme une chose et se fait rabrouer par les autres. Ou bien elles sont d'accord. Le plus souvent, il y a conflit : jolie idée, qui fait écho, bien sûr, aux préoccupations de chacun(e) d' entre nous. On peut déplorer quelques excès, comme le côté va-t-en guerre et provoc' de la jeune (qui abuse du mot « nase »). Ses propositions se ressemblent et limitent l'interprète, pourtant excellente.

Une demi-heure s'écoule, puis trois-quarts d'heure. Et enfin, cette drôle de petite musique prend. Elle se nuance. Elle trouve davantage son rythme. Sa couleur. L'auteur oublie un peu qu'il est un homme faisant parler des femmes, pour atteindre une finesse nouvelle. Il nous embarque dans des récits plus intimes (et moins sommaires) On est touché. On est même gêné, parfois, tant les détails et la force, enfin posée, du jeu des comédiennes sont efficaces. Il y a là-dedans une universalité qui emporte l'adhésion, bien sûr, spécialement à la fin, grâce au talent d'Emmanuelle Brunschwig (la femme 3).

Au final, une soirée mitigée, sauvée, on l'aura compris, par la deuxième moitié. Mais que Khémiri soit un auteur à suivre… personne n'en doute.

Gérard Noël

 

Nous qui sommes cent

Pièce de Jonas Hassen Khémiri.
Traduction : Marianne Ségol.
Mise en scène : Édouard Signolet.

Avec Emmanuelle Brunschwig, Céline Groussard, Elsa Tauveron et l'accordéoniste Pierre Cussac .

Scénographie : Sarah Lefèvre. Lumières : Virginie Galas.