Théâtre Déjazet
41 boulevard du Temple
75003 Paris
01 48 87 52 55

Jusqu’au 16 mars 2018
Du mardi au samedi à 20h30, matinées le samedi à 16h00

 

 

Chômeur fauché, vieillissant et malade mais vociférant, voici « Nénesse » qui déteste les immigrés (quels qu’ils soient, et surtout les « Daesh »), ainsi que les « pédés », les juifs, les bobos, les politiciens, Bruxelles, etc. et même le Front National. L’ex-rockeur devenu réactionnaire cultive son rejet de la société actuelle tout en louant, pour joindre tant bien que mal les deux bouts, une cabine Algeco insalubre à deux sans-papiers. Sa compagne d’infortune et souffre-douleur est sa femme Gina qui se voit contrainte à faire des ménages – et de supporter l’acariâtre râleur qui déverse sur elle sa logorrhée verbale.

Force est d’ailleurs de reconnaître que c’est elle qui fait d’ailleurs l’intérêt de la pièce d’Aziz Chouaki car, dépourvue de véritable intrigue, on peut prendre plaisir aux truculentes inventions de langage qui, par le vocabulaire comme par la syntaxe, forment un ressort dramatique à la fois vulgaire et poétique. Olivier Marchal s’en donne à cour joie dans ce personnage horrible à l’argot raciste novateur mais finalement si outrancier qu’il en finit par devenir attachant et drôle. Autour de lui, Christine Citti prend des airs d’Isabelle Nanty, tandis qu’Hammou Graïa en boxeur fier et Geoffroy Thiebaut en précieux dépassé par les événements ne sont pas en reste pour avoir le verbe aussi haut que Nénesse, et aussi haut en couleur.

Frédéric Manzini

 

Nénesse

D’Aziz Chouaki 
Mise en scène : Jean-Louis Martinelli

Avec Christine Citti, Hammou Graïa, Olivier Marchal et Geoffroy Thiebaut