MUJER VERTICAL
Maison des Métallos
94 rue Jean Pierre Timbaud
75011 Paris
01 47 00 25 20
Jusqu’au 13 octobre à 19h ou 20h
Comment a évolué la condition féminine depuis Lucy, première femme debout, première mujer vertical ?
Pour y répondre, Éric Massé s’est documenté ; il a lu Simone Veil, Élisabeth Badinter, Andrée Chédid, Virginie Despentes, Catherine Millet, Florence Thomas. Et il a aussi voyagé, en Colombie, où il a rencontré Alejandra Borrero, star de telenovela mais aussi figure clé d’un théâtre social et féministe. Celle qui œuvre pour le processus de paix de son pays est également l’instigatrice de Casa E, scène, école de formation et lieu de création de projets engagés.
Tous deux ont côtoyé des femmes colombiennes et leur donnent la parole sur scène. Théorie et expériences personnelles se mêlent, livrant à la fois un message féministe général tout en se focalisant sur la situation colombienne. Sur scène, Éric Massé ou son alter ego Juliette, Alejandra Borrero, Ana Milena Riveros, Javiera Valenzuela et Julisa Murillo retracent l’histoire des femmes et du féminisme en pointant ses aberrations avec humour, émotion et désir de révolte.
C’est souvent didactique, mais sans tomber dans l’excès. La musique, les images et les lumières sont travaillées avec soin et décuplent les émotions que fait naître le texte. Sur la scène des livres empilés forment un cercle au cœur duquel, tour à tour, les personnages échangent des anecdotes inspirées par le célèbre adage de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ». Se succèdent également les récits de vie de ces femmes, ces « victimes victorieuses » comme les nomme Alejandra Borrero : l’une était engagée dans une unité paramilitaire, l’autre chez les FARC, la dernière, originaire du Chocó, région de Colombie où arrivèrent les esclaves venus d’Afrique, a vu sa fille kidnappée et violée par les groupes armés.
On mesure toute la portée du travail de Barrero en écoutant ces témoignages, à la fois à fleur de peau et chargés de force. Des passages cultes de King Kong Théorie de Virginie Despentes – qui se joue d’ailleurs actuellement à l’Atelier – viennent donner une portée universelle à ces portraits de femmes qui gardent les cicatrices des violences subies, subies par leur corps et par leur pays tout entier. Un vrai moment de partage à ne pas manquer.
Cette pièce fait partie d’un « focus récits de vie » organisé par la Maison des Métallos jusqu’en décembre. Le cycle, dans son intégralité, pose la question de la mémoire et d’une possible résilience.
Ivanne Galant
Mujer vertical
Conception, mise en scène et scénographie : Éric Massé
Textes : d’Élisabeth Badinter, Andrée Chédid, Virginie Despentes, Catherine Millet, Florence Thomas, Simone Veil, citation de Simone de Beauvoir, témoignages des interprètes
Avec Alejandra Borrero, Éric Massé, Julisa Murillo, Ana Milena Riveros, Javiera Valenzuela
Collaboration artistique : Manuel Orjuela
Collaboration dramaturgique : Florence Thomas
Création vidéo et photographies : Fabienne Gras
Création lumière : Florent Oliva
Création son et régie générale : Jules Tremoy
Costume : Juliette Dominique Fournier
Chansons originales : Nelida Karr
Mis en ligne le 14 octobre 2018