MONTEDIDIO

Théâtre de l'Atalante
10 place Charles Dullin
75018 Paris
Du vendredi 8 février au samedi 16 mars 2013, lundi, mercredi et vendredi à 20h30, jeudi à 19h, samedi à 20h30
(sauf les samedi 16 et 23 février à 17h et 20h30), dimanche à 17h, relâche le mardi.

Montedidio est à l'origine un roman et non une pièce de théâtre, et c'était un pari que de l'adapter pour en proposer au public une version scénique. Le mérite en revient à Lisa Wurmser dont l'adaptation particulièrement dynamique parvient à nous plonger dans l'atmosphère d'une vie napolitaine des années 1950 située à hauteur d'enfant, à mi-chemin entre rêve et réalité, ne rechignant ni à la poésie ni à la magie, comme dans un conte.

Plutôt que de dérouler une intrigue, la pièce nous donne en effet à voir les événements à travers les yeux d'un garçon (Jérémie Lippmann) de treize ans, qui s'apprête à entrer dans la vie active et qui jette un regard empreint de nostalgie sur la douce enfance qu'il quitte à peine. Au-delà de la question de l'âge, c'est l'évolution de ses relations avec son entourage qui va précipiter le jeune homme vers le monde des adultes ; il doit se frayer une voie entre sa mère malade, son père (Chad Chenouga) qui reste dignement auprès d'elle mais qui s'avère impuissant à lutter contre le destin, et Maria (Léa Girardet) avec laquelle il découvre les premiers émois amoureux en même temps que les vices de certains adultes. Sans oublier Rafaniello (François Lalande), vieux bossu aux cheveux roux, un personnage aussi improbable que l'est sa présence à Naples alors que, réchappé de la Shoah, il prétend chercher à rejoindre Jérusalem.

Grâce à sa diction enfantine et à son énergie débordante, Jérémie Lippman fait un enfant-adulte très crédible, virevoltant, à la fois naïf et distancié à l'égard du monde qui l'entoure, tout comme Léa Girardet. Dans un registre différent mais tout aussi émouvant, François Lalande campe un Rafaniello non seulement sympathique, mais rêveur et merveilleux. La délicieuse sensibilité qui émane de tout le spectacle offre un bel aperçu du Montedidio original d'Erri De Luca. C'est d'ailleurs aussi ce qui à la fois la force et la limite de cette courte (1h 05) version pour le théâtre où l'on a parfois l'impression que les relations ne sont pas aussi fouillées qu'elles le sont dans le roman, et que les personnages eux-mêmes ne sont qu'ébauchés. Au moins sont-ils vivants, et donnent-ils envie d'aller plus loin dans la découverte de l'œuvre de ce subtil écrivain.

 

Frédéric Manzini

 

 

Montedidio

D'après le roman d'Erri de Luca
Mise en scène et adaptation : Lisa Wurmser
Traduction de l'italien : Danièle Valin
Scénographie : Michele Iodice
assisté de Carla Celestino
Lumière : Pascal Sautelet
Costumes : Marie Pawlotsky
Musique : Gerardo Jerez Le Cam
Image : Ivan Blanloeil
Magie : Abdul Alafrez
Machine : Olivier de Logivière
Chorégraphe : Gilles Nicolas
Voix : Serge Maggiani
Présence filmique : Vittoria Scognamiglio
Samuel Caviglia-Brunel, Chad Chenouga
Maquillage et perruque : Mityl Brimeur
Accessoires : Emmanuelle Daverton
Direction technique : Alain Deroo
Régie lumière : Jaime Azulay
Régie son et vidéo : Julien Reboux

Avec : Chad Chenouga, Andrea de Luca, Léa Girardet, François Lalande, Jérémie Lippmann

 

Version imprimable (PDF)