MON BEAU-PÈRE EST UNE PRINCESSE
Théâtre du Palais Royal
38, rue de Montpensier
75001 Paris
01 42 97 40 00
Jusqu'au 13 octobre
Du mardi au samedi 21h – Matinées samedi à 17h et dimanche à 15h30
Didier Bénureau ne ressemble à personne. Il est subversif, provocateur et souvent politiquement incorrect. Avec lui pas de juste milieu, on aime ou on n’aime pas, ça passe ou ça casse. En ce qui me concerne j’avoue être très client de ce genre d’artiste qui ose tout, dit tout même les choses les plus insoutenables. Ce qui le rend parfaitement indigne. Titre qu’il donna d’ailleurs à son dernier excellent spectacle.
On peut alors très bien l’imaginer devant la première feuille blanche pas encore écrite de la pièce qu’il va concevoir, grattant de sa plume aiguisée son esprit malicieux pour en faire jaillir l’idée. Elle est venue comme un fantasme inavouable.
Rémi (Didier Bénureau) et Aude (Gaëlle Lebert) ont invité pour un week-end dans leur maison du Cantal les parents de Aude. Tout cela semble presque parfait et trop charmant pour en rester là. Au cours la soirée, Rémi annonce subitement à son beau père (Michel Aumont) qu’il est amoureux de lui. C’est ainsi que débute cette drôle de comédie. Le gendre amoureux du beau père et qui va lui démontrer par des chemins subtils et un peu vicieux qu’il n’y a rien d’anormal à aimer un homme et encore moins le père de sa femme. Je n’en dirais pas plus sur la suite de cette histoire car on ne peut la raconter, juste la découvrir et se laisser faire entre surprises et rires.
L’immense Michel Aumont a quitté sans frémir son habit de Richard Strauss dans Collaboration pour se glisser dans celui de Michel, chef d’entreprise à la retraite et qui s’emmerde ferme dans sa nouvelle inactivité. Un homme bourru continuellement de mauvaise humeur et qui va recevoir la déclaration de son gendre comme un uppercut. Ce rôle lui va magnifiquement bien comme le costume blanc du danseur qu’il enfilera pour un pas de danse interdit.
Bénureau est comme à son habitude excellent et dans le texte et le gestuel. Un petit diablotin timide qui s’est échappé de sa boîte et que rien ne peut arrêter.
Gaëlle Lebert, sa bobo de femme est la caricature bio à peine appuyée de ce qui existe vraiment et je terminerais par la superbe Claire Nadeau, la belle mère, qui pantalon à fleurs et chignon à la Bardot des années 60 vit tout cela avec une légèreté et une indifférence assez proche de son célèbre personnage Madame Foldingue.
Rien n’a été oublié pour passer une excellente soirée dans cette farce bien écrite et défendue par quatre comédiens de grand talent. J’aurais juste préféré une fin un peu moins conventionnelle et plus dans l’esprit de la pièce, une fin un peu plus « folle ».
Patrick Rouet
Mon Beau-Père est une princesse
de Didier Bénureau
Avec : Michel Aumont, Claire Nadeau, Didier Bénureau, Gaëlle Lebert.
Mise en scène de Didier Bénureau avec la complicité de Catherine Hosmalin et Dominique Champetier.
Décor : Bernard Fau
Lumières : Orazio Trotta