Michelangelo Merisi dit il Caravaggio, est un des grands réformateurs de la peinture européenne du XVIIéme siècle. Initiateur du clair-obscur, passionné par son art, il a su imposer son style d'un réalisme parfois brutal, érotique et troublant, malgré la censure et l'Inquisition. Personnage des plus sulfureux, Caravage mena une vie de débauche et de violence, allant jusqu'au meurtre, qui contrasta avec sa carrière de peintre bien en cour auprès des gens d'église. Il connut à la fois les honneurs et la geôle et certains pans de sa vie restent mystérieux, comme sa mort sur une plage italienne, à 39 ans...

Le comédien, auteur, metteur en scène, Cesare Capitani, s'est donc logiquement intéressé à la personnalité énigmatique de son compatriote, jusqu'à décider de lui redonner vie sur scène. Pour écrire son spectacle, il a puisé son inspiration dans "La course à l'abîme", de l'académicien Dominique Fernandez, romancier fin connaisseur de la culture italienne. Cette biographie romancée, aux allures de confession, décrit la chronologie de l'œuvre de ce peintre possédé par son génie et la griserie du pouvoir qu'il lui confère, autant que par ses démons qui le conduisirent à sa perte.

Cesare Capitani, diplômé de l'école du Piccolo Teatro de Milan, est doté d'une belle carrière entre la France et l'Italie. Servi ici par son physique ténébreux, c'est avec passion et conviction qu'il tente de ressusciter sous nos yeux le très torturé et sulfureux Caravage et l'illusion serait totale s'il ne lui manquait un petit supplément d'âme.

Stanislas Grassian qui signe la mise en scène a fait le choix incontestable de faire jouer le spectacle dans le noir, avec de savants effets de lumière crées par Bernard Martinelli, rendant ainsi l'atmosphère des peintures du Caravage, grand maître luminescent.

Un bémol, le parti pris d'inclure une soprano ponctuant de chants a cappella et interprétant différents personnages qui croisèrent le destin du Caravage, dans une narration qui aurait pris toute sa force, conçue sous la forme d'un seul en scène.

Ce spectacle qui a déjà connu le succès au festival d'Avignon, a pour mérite de remettre en lumière cet artiste maudit dont le talent novateur a détrôné les peintres de la Renaissance et de donner envie de revoir ou de découvrir ses œuvres.

Tanya Drouginska

 

 

Moi, Caravage

De Cesare Capitani
d'après "La course à l'abîme" de Dominique Fernandez

Avec Cesare Capitani et en alternance Laetitia Favart et Manon Leroy

Mise en scène Stanislas Grassian
Direction d'acteurs Nita Klein
Création lumières Bernard Martinelli