Avec Marianne James, pas de drame, pas de mélo, c'est avec son arme favorite, l'humour qu'elle traite de situations qui pourraient paraître désespérées.

Et si elle souhaite nous faire pleurer c'est de rire.

La preuve avec son nouveau personnage, Miss Carpenter, l'histoire d'une star déchue, oubliée, thème que Billy Wilder avec Gloria Swanson avait en son temps exploité dans le sombre et célèbre Sunset Boulevard de 1950. Car Miss Carpenter n'est pas femme à se laisser abattre même si elle aussi, est un peu portée sur la dive bouteille.

Et pour continuer d'exister, de continuer à paraître la star oscarisée qu'elle fut, ou qu'elle croit avoir été, elle est prête à affronter tous les castings.

Cela nous offre une succession de scènes hilarantes, extravagantes, où elle essaie vainement d'être sélectionnée que ce soit pour être une héroïne de série télé, une animatrice radio, pour jouer dans des publicités pour les couches seniors et autres assurances obsèques voire interpréter le rôle d'une morte ! Des séquences où surprises et trouvailles abondent mais je n'en dirais pas plus pour ne pas vous frustrer du plaisir de les découvrir.

Marianne James dans ce rôle qu'elle s'est concoctée sur mesure en compagnie de l'auteur Sébastien Marnier, donne ici libre cours à sa nature généreuse emplie de folie.

C'est gentiment trash, un peu « barré » parfois, c'est espiègle, joyeux, plein de rythme et de vivacité, très second degré, d'une fougue qui aurait pu être excessive si les deux metteurs en scène, Steve Suissa et Éric Emmanuel Schmitt n'avaient avec succès réussi à diriger ce trop plein d'énergie pour mieux mettre en évidence les nombreux clins d'œil que recèle le texte.

Marianne James est infiniment à l'aise dans ce rôle qui demande une grande énergie, du souffle, de la présence et une belle autodérision, faisant également une fois de plus et sans avoir l'air d'y toucher la démonstration de ses étonnantes capacités vocales.

Elle est de surcroit, ce qui ne gâche rien, accompagnée de trois superbes « boys » qui supportent stoïquement les nombreux caprices de la parfois tyrannique Miss Carpenter. Ces trois garçons, Bastien Jacquemart, Pablo Villafranca et Romain Lemire, nourris à la comédie musicale,  qui portent avec autant d'aisance le pagne que le smoking, chantent et dansent à merveille, nous donnant le regret qu'il n'y ait pas davantage de passages musicaux.

Voilà un spectacle joyeux et coloré, mené de main de maître, sans temps morts, de quoi faire oublier le temps d'une soirée les soucis du quotidien. Le public, après avoir ri sans retenue et chaleureusement applaudi, en sort ravi et heureux.

Nicole Bourbon

 

 

Miss Carpenter

de Marianne James, Sébastien Marnier
Mise en scène : Éric-Emmanuel Schmitt, Steve Suissa

Avec : Marianne James, Bastien Jacquemart, Romain Lemire, Pablo Villafranca