MILLE FRANCS DE RÉCOMPENSE

Théâtre de l'aquarium
La Cartoucherie
Route du champ de manœuvre
75012 Paris
Tél : 01 43 74 72 74

Jusqu’au 8 avril 2018
du mardi au samedi 20h,
dimanche 16h.

 

Mille francs de récompense loupe 

Cette pièce de Victor Hugo est un petit bijou qu'il fallait exhumer et c'est ce qu'a fait Kheireddine Lardjam. Tirée de "Théâtre en liberté" c'est une sorte de comédie financière et rocambolesque. Dès le début, avec l'arrivée du voleur en sweat à capuche avec un sac à dos, on est pris : cet homme est pouruivi par la police. Il ironise sur le mot voler, l'un "signifiant la liberté, l'autre la prison". Hugo est en forme. Et le voleur nous confie ceci : "la première bonne action venue, je la fais, ça mettra le bon Dieu dans son tort".

Assez vite, nous voilà au coeur de l'action : une jeune fille sauve la mise au voleur. Elle a une mère fofolle, un grand-père malade, endetté. Le méchant est taillé sur mesure, il s'appelle Rousseline, personnage trouble qui profiterait bien d'une traite qu'il possède pour épouser sans son accord la pure jeune fille. Et des éclats, toujours dans le texte : "Être italien, c'est être aux trois-quarts musicien !" ou, proféré par un banquier : "Le peuple est aveugle, il lui faut un chien."

Tout s'arrangera, bien sûr, mais pas comme on l'imaginait.

L'originalité de la pièce c'est qu'elle est hybride : un peu de mélo, un peu de satire sociale, un peu de comédie, le tout sur fond de plaidoyer vibrant pour la justice, toutes les formes de justice. On change souvent de coloration et la mise en scène traduit cela très bien : il y a des envolées lyriques, des passages prononcés de façon ironique, du slam, beaucoup de mouvement. Bref, on ne s'ennuie pas une seconde. Une mention spéciale au décor, modulable, utilisé aussi pour des projections d'oiseaux (une constante) ou bien d'éléments informatiques, pour un casse... mémorable.

La distribution est au diapason : Maxime Atmani est Glapieu, le voleur au grand coeur. Azeddine Benamara se régale et nous régale en Rousseline... le méchant qu'on aime haïr, comme on disait autrefois. Linda Chaïb et Aïda Hamri forment un duo mère-fille des plus réjouissants : elles s'opposent, s'invectivent, se rabibochent, chacune réussissant, et comment, à tirer son épingle du jeu.

Souvent, sur scène, il y a un électron libre, un comédien qui transcende véritablement son rôle en y ajoutant excès et folie, pour le plus grand bonheur du spectateur : il s'agit ici de Cédric Veschambre, inénarrable dans le rôle de M. De Pontresme.

Une surprise heureuse, donc, que ce spectacle. À recommander sans modération.

Gérard Noël

 

Mille francs de récompense

de Victor Hugo
Mise en scène : Kheireddine Lardjam.
Collaboration artistique : Cédric Veschambre.
Scénographie et collaboration artistique : Estelle Gauthier
lumière : Victor Arancio.
Son : Pascal Brenot.
Composition musicale : Romaric Bourgeois.
Vidéo : Thibaut Champagne

Avec : Maxime Atmani, Azeddine Benamara, Romaric Bourgeois, Linda Chaïn; Samuel Churin, Étienne Durot, Aïda Hamri, Cédric Veschambre.

 

Mis en ligne le 29 mars 2018