MÉTAMORPHOSES

Théâtre de l'aquarium
La Cartoucherie
Route du champ de manœuvre
75012 Paris
Tél : 01 43 74 72 74

Jusqu’au 26 mars 2017
du mardi au samedi à 20h00
le dimanche à 16h00

 

Métamorphoses loupe 

Le spectacle est signé de trois noms : Ovide, bien sûr, mais aussi Ted Hughes, poète anglais, le tout adapté par Aurélie Van Den Daele, aussi metteuse en scène. La surprise est de taille : d’abord ce recours à une bande-son (électro-pop) saturée agrémentée d’images abstraites projetées. Métaphysique et catastrophisme au programme. On est saisi. On attend la suite.

Or le rideau se lève sur une salle des fêtes ou salle de bal, avec des instruments et un couple qui fête, dirait-on un mariage. Térée, roi de Spartes, se marie. Il a un fils. Il tombe ensuite amoureux de sa belle-sœur. Cela, ce sont des phrases projetées qui nous en informe, à charge pour nous de raccrocher les wagons et de voir, dans ce couple une illustration de ce qui est écrit. Pourquoi pas ? Le problème c’est que c’est long. Et que le grandiose, le mythique, le symbolique, sont réduits au banal : danser, s’enlacer, ou couper faire s’envoler des ballons. La mise en scène ne prend pas en compte la nécessaire adaptation du spectateur. Il aurait fallu élaguer. Mais quand la bascule se fait, quand on accepte enfin la transposition, le charme agit : on croit en Phaéton fils du soleil, sortant de boîte et qui « brûle » de rejoindre son père, Phaéton dont, nous dit-on, « le jour de la naissance correspond au jour de sa mort ». Une belle trouvaille est le décompte des secondes de la vie du personnage qui rythme cette séquence. Les musiciens, très présents, arborent des têtes de cheval, petit clin d’œil à  Cocteau, plutôt bien venu.

La jubilation éclate, enfin, face au burlesque assumé de l’histoire d’Erysichton, qu’on nous présente en « designer » snob, confronté à un arbre et atteint… de polyphagie. Une nymphe nous parle. Puis Cérès vient dire son mot. Tout fonctionne. Signalons le talent des musiciens : Christophe Rodomisto et surtout Tatiana Mladenovitch. Polymorphes et inspirés,  Alexandre Le Nours et Mara Bijeljac, les deux comédiens servent brillamment une histoire « pleine de bruits et de fureur ». Ce spectacle inspiré se positionne en-deça et à côté d’Ovide, tout en baignant clairement dans l’œuvre. Une métamorphose de plus.

Gérard Noël

 

Métamorphoses

Un projet du Deug Doen Group, d’après les Métamorphoses d’Ovide et Contes d’Ovide, de Ted Hughes.
Mise en scène : Aurélie Van Den Daele.
Dispositif scénique et technologique : collectif INVIVO/Julien Dubuc, Chloé Dumas, Grégoire Durrande.
Dramaturgie : Sidney Ali Mehelleb.
Costumes : Élisabeth Cerqueira.

Avec : Alexandre Le Nours,  Mara Bijeljac, Christophe Rodomisto (guitare) et Tatiana Mladenovitch (batterie)

 

Mis en ligne le 3 mars 2017