MENSONGES D'ÉTATS

Théâtre de la Madeleine
19 rue de Surène
75008 Paris
01 42 65 07 09

Jusqu'au 20 octobre 2013
Du mardi au samedi à 21h00
Dimanche à 17h00.

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Mis en ligne le 27 septembre 2013

Mensonges d'états

En 1944, Anglais et Américains mettent au point la plus grande campagne de désinformation jamais réalisée, faisant croire aux Allemands que le débarquement aurait lieu dans le Pas de Calais et non en Normandie afin d'éloigner du Cotentin les blindés d'Hitler.

Dans les années 80, l'histoire sert de toile de fond à deux gros succès de librairie, « L'arme à l'œil » de Ken Follet et « Fortitude » de Larry Collins, adaptés ensuite au cinéma sous leurs noms éponymes respectivement par Richard Marquand avec Donald Sutherland et Waris Hussein avec James Fox et Michael York.

Il paraissait peu évident de transposer sur une scène ces deux romans foisonnants.

Les auteurs, Xavier Daugreilh et Olivier Malavergne ainsi que le metteur en scène Nicolas Briançon se jouent des contraintes inhérentes avec une imagination et une maestria remarquables, le dernier confirmant une fois de plus qu'il est décidément l'un des metteurs en scène actuels parmi les plus doués.

Servie par des acteurs superbement investis dans leurs rôles, l'histoire se déroule sous nos yeux en une succession de scènes dans deux décors différents, le salon du colonel Bannerman et le bureau d'un colonel allemand, bien travaillés avec notamment de belles et sobres boiseries pour le premier.

On aperçoit les changements de décor derrière un rideau transparent sur lequel sont astucieusement projetées des images d'archive qui, accompagnées d'une musique dramatique suscitent inévitablement une grande émotion.

On se laisse captiver par l'histoire bien qu'on en connaisse forcément l'issue, tant elle est parsemée d'anecdotes amusantes, de réparties pleines d'humour, jouant sur l'opposition des caractères anglais et américains avec un général Patton d'envergure, interprété par un Jean Pierre Malo au mieux de sa forme.

L'auteur a également pris quelques libertés bienvenues avec la réalité, fondant les différents espions doubles en un seul, ou plutôt une seule, occasion de faire naître quelques sentiments dans ce monde très militaire.

J'aurais juste pour ma part souhaité que soient davantage soulignées les réflexions morales qui ne sont qu'effleurées : peut-on envoyer délibérément à la mort ses propres soldats pour la réussite d'un projet certes d'envergure et qui va changer le cours de la guerre, mais…

De même, faute de temps sans doute, on perd en route quelques éléments, pas vraiment utiles et qui gagneraient peut-être à être supprimés comme l'épisode des mots croisés qui n'apporte rien à l'histoire et dont on ne sait pas vraiment le fin mot, hasard, fuite ? et la maladie de Bannerman très présente au début et complètement oubliée à la fin.

Mais ce ne sont que broutilles qui n'enlèvent rien à l'intérêt de ce spectacle remarquable par ailleurs, cette incroyable histoire qui parvient à être didactique sans être ennuyeuse, le deuxième coup de cœur de Regarts cette semaine.

Nicole Bourbon

 

 

Mensonges d'états

Une pièce de Xavier Daugreilh assisté d'Olivier Malavergne
Mise en scène Nicolas Briançon

Avec Samuel Le Bihan, Marie-Josée Croze, Michaël Cohen, Jean-Pierre Malo, Bernard Malaka,  Aurélien Wiik, Pierre Alain Leleu, Éric Prat.

Décors Pierre Yves Leprince.
Costumes Michel Dussarat.
Lumières Gaëlle de Malglaive.

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