Photo Mirco Magliocca

Mélodrame(s) est, comme son nom ne l’indique pas, un spectacle fort réjouissant.

Car Gabor Rassov, l’auteur, s’y livre avec une délectation évidente à une parodie outrancière du genre, n’hésitant pas à grossir le trait dans une écriture qui souligne tous les excès du genre. L’ensemble est accentué par le choix de mise en scène de Pierre Pradinas, déplacements et jeu des comédiens tout en démesure.

Romane Bohringer et Bruno Salomone s’en donnent à cœur joie dans des rôles de Roméo et Juliette contemporains qui nous emmènent successivement dans trois mini-pièces différentes à Acapulco, Shanghai et Los Angeles.

Warren Zavatta est un maître de cérémonie impayable, quoique parfois un peu trop disert, nous rappelant quelques présentateurs bien connus ! Il nous explique en trois langues que nous allons assister au premier Festival International du Mélodrame, le FIM, qui n’a d’autre ambition que de faire se rejoindre enfin Hamlet et Boeing Boeing !

Le ton est donné, ces mélodrames seront joyeux, potaches, n’hésitant pas à basculer parfois dans une grossièreté pas forcément utile.

Tous les ingrédients sont là pour que la farce grossière devienne une charge violente contre les productions actuelles, séries télévisées polluées par une publicité envahissante et des rires pré enregistrés, codes du théâtre de Nô savamment détournés, productions hollywoodiennes dégoulinant de bons sentiments avec Happy end obligé et accompagnement musical émotionnel.

Petite réserve personnelle : on a connu Gabor Rassov plus subtil. En travaillant avec davantage de finesse certaines scènes et propos, l’ensemble aurait pu gagner en férocité, mais ce n’était peut-être pas le but recherché.

C’était hier la première.

Malgré quelques ajustements et réglages nécessaires, l’ensemble est efficace et a suscité de nombreux rires.

Je tiens à saluer le travail remarquable de tous, sans oublier ceux dont on ne parle jamais et qui sont ici particulièrement performants, je veux parler des techniciens.

La régie son livre une réalisation exceptionnelle, et le résultat obtenu par les costumiers, décorateurs et maquilleurs est tout simplement bluffant.

Bravo à tous.

Nicole Bourbon

 

 

Mélodrame(s)

De Gabor Rassov
Mise en scène Pierre Pradinas

Avec Romane Bohringer, Thierry Gimenez, Matthieu Rozé, Bruno Salomone et Warren Zavatta

Scénographie Simon Pradinas
Lumières Vincent Millet
Musique Christophe Minck
Costumes Danik Hernandez
Assistant à la mise en scène Stéphane Godefroy
Les 3 qui viennent sur scène pour le gospel : Ariane, Lucile et Djibril