L'Essaïon
6, rue Pierre-au-Lard 
75004 Paris
01 42 78 46 42 

Jusqu’au 18 juin 2016
jeudi vendredi samedi à 19h30 et
dimanche à 18h (en avril et mai)

 

 

Pour écrire ce spectacle, Jean-Henri Blumen s’est inspiré (du moins pour les deux premières courtes pièces) de Cholem Aleikheim : celui-ci, d’origine ukrénienne, vécut entre 1859 et 1916. On l’a qualifié de Mark Twain juif. Enfin, il a aussi écrit  « Le violon sur le toit » devenu culte grâce à la comédie musicale du même nom.

Dans « le bon conseil », un homme vient se plaindre à un écrivain, forcément avisé, de ce que sa femme s’éloigne de lui, tout en se rapprochant… de son médecin. Problème cornélien : divorcer ou ne pas divorcer ? En jeune marié déboussolé, Christian Abart en fait beaucoup, pour notre plus grand plaisir. Mais le débat tourne court et paraît, à la réflexion, un peu longuet. Le décor, consistant en tissus verticaux est original et permet des effets de lumière très bien venus. On pourrait déplorer, toutefois, que les évocations de personnages mentionnés se passent toujours en fond, et jamais au premier plan.

Deuxième pièce où, cette fois, des parents juifs veulent le meilleur pour leur fils, en l’occurrence le mettre dans une école privée. Ils sont prêts, même, à lui faire donner des cours privés pour qu’il entre directement en cinquième. Mêmes comédiens, mais avec une partie plus développée pour certains. La répétition, ici, se justifie pleinement et l’on goûte les péripéties de cette histoire abracadabrante où la chute est vraiment réussie. On peine, bien sûr, à distinguer ce qui est de Blumen et ce qui est de Aleikheim…mais pour la dernière piécette, elle est entièrement de Jean-Henri Blumen et ne dépare en rien ce que l’on vient de voir.

Dans celle-ci, intitulée « un client à la page », un rabbin pousse la porte d’une revue féminine…et un peu féministe. Il vient se plaindre de ce que sa femme, bien qu’ayant gagné un abonnement à un concours, il y a pas mal de semaines, n’a toujours reçu aucun numéro. Au passage, l’auteur brocarde gentiment ce conflit « culturel », il ironise sur une caricature de Moïse, et mène rondement son affaire parmi les rires complices des spectateurs. René Hernandez est irrésistible et Sophie Accaoui se taille un beau succès personnel dans le rôle de la rédac’ chef débordée.

Que dire de plus, sinon qu’il s’agit d’un spectacle plein d’humanité et de malice. Et d’autodérision, bien sûr. On passe une soirée agréable grâce à l’allant des comédiens et au burlesque des situations.

Gérard Noël

 

Mazel tov tout va mal !

Pièce de Jean-Henri Blumen.
Mise en scène : Mariana Araoz.

Avec : Christiam Jabart, Sophie Accaoui, Francesca Congiu, René Hernandez, Yasmine Nadifi.

Décors inspirés d’Alain Kleinman.
Scénographie : Marta Ciconiesi.
Lumières : Jean Grison.
Musique originale : Jean-Henri Blumen.