MARIE TUDOR
Théâtre de la Pépinière
7 rue Louis Le Grand
75002 PARIS
01 42 97 52 63
Jusqu’au 2 mai
du mardi au samedi 21h et en matinée samedi 16h
Cette pièce, écrite pendant l’été 1833 fut jouée à la rentrée avec un succès moyen. Pourtant le jeune Hugo (il avait 31 ans) n’en était pas à son coup d’essai : Mario Delorme, Hernani, Le Roi s’amuse, l’avaient déjà précédée. On connaît la théorie de Hugo sur le théâtre : Il s’agit pour lui de passionner les foules par le grand et par le vrai (…) « Marie Tudor est un effort de plus vers ce but rayonnant. Quelle est en effet la pensée que je tente de réaliser (…) ? Une Reine qui soit une femme. Grande comme Reine. Vraie comme femme ».
Et c’est bien de cela qu’il s’agit : Londres, 1553. Marie Tudor, reine d’Angleterre, a pour amant Fabiano Fabiani. Mais il a une liaison avec une jeune fille, Jane, recueillie par Gilbert, un ouvrier, et aimée de lui. Ce qui intéresse l’intrigant Fabiani, c’est la fortune de Jane, fille secrète d’un pair d’Angleterre. La Reine, bien sûr, va découvrir que son amant la trompe et…
« Fresque humaine, écriture feuilletonesque… » dit le metteur en scène et comédien Philippe Calvario. Oui, mais avec un peu de mélo et, déjà un sens très sûr des effets. Il n’est pas certain qu’ici, contrairement à Ruy Blas (avec qui la pièce a des points communs) il ait toujours réussi à se hisser au niveau de Shakespeare, son modèle. Mais c’est déjà du Hugo, et du très bon. Attentif à ne rien laisser en route, à nouer finement son intrigue, à présenter deux caractères de femmes bien trempés, à montrer l’abnégation d’un homme, Gilbert, et le machiavélisme d’un autre, le triste sire Fabiani.
Dans un décor stylisé mais efficace (sauf peut-être les plaques de plexiglas du début) avec des lumières très travaillées, voici que se déploie devant nos yeux un drame fertile en rebondissements. Jeunes et ombrageux, les personnages masculins sortent souvent de la salle pour monter sur scène : tout ceci donne un dynamisme certain à l’œuvre. La scène est petite et cette douzaine de comédiens l’anime avec efficacité. Une mention spéciale pour Jean-Claude Jay en Joshua, ami de Gilbert, et pour Jean-Philippe Ricci, étonnant en Fabiani. Cristiana Reali confirme tout le bien qu’on pense d’elle comme comédienne : tour à tour blessée, enfantine ou tigresse quand elle sent qu’on s’attaque à l’homme qu’elle aime, elle règne, dans tous les sens du mot, sur la soirée. Jade Fortineau est Jane. Elle en a la naïveté et l’âpreté. Elle vit pleinement son personnage et nous touche. Belle prestation également de Pierre Estorges en Maître Enéas.
Gérard Noël
Marie Tudor
De Victor Hugo.
Mise en scène : Philippe Calvario.
Avec Cristiana Reali, Jean-Philippe Ricci, Jean-Claude Jay, Philippe Calvario ou Benjamin Guillet, Régis Laroche ou Pierre-Alain Leleu, Jade Fortineau, Anatole de Bodinat, Stanislas Perrin, Pierre Estorges, Robin Goupil, Valentin Fruitier, Thomas Gendronneau (musicien).
Scénographie et costumes : Alain Lagarde.
Réalisation des costumes : Mina Ly.
Lumières : Denis Koransky.
Musique : Patrick Matteis et Thomas Gendronneau.
Collaboration à la mise en scène : Sabdra Honoré.
Mis en ligne le 6 février 2015