Théâtre de poche Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse
75006 Paris
01 45 44 50 21

Jusqu’au 18 mars 2018
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h

 

 

On connaît Mademoiselle Julie, cette géniale tragédie sur les rapports de force entre les hommes et les femmes auxquels se superposent des rapports de domination sociale, qui en redoublent la tension violence et en aiguisent la tension, rendant les destinées de chacun plus implacables et leur désir d’y échapper plus ardent. C’est une œuvre dure mais fascinante qui cherche la vérité des êtres derrière les conventions – à moins que ces convenances elles-mêmes ne révèlent la vérité profonde au-delà de laquelle il n’y a rien que de l’illusion ?

Dans l’intimité de la petite salle du Théâtre de poche où la scène est placée en éperon, nous sommes au plus près des comédiens. On peut d’autant mieux apprécier la justesse du jeu des deux principaux, car force est de reconnaître que Carolina Pecheny (Kristin) est en retrait. La séduction qui naît entre les amants d’une nuit est très crue, hormonale, animale. Avec ses sourcils broussailleux, sa voix rauque et sa diction ferme, Nils Öhlund campe en effet un Jean fier et viril qui forme un duo très fort avec Jessica Vedel (Julie), dont l’aristocratie arrogante glisse vers une déchéance sociale, psychologique et humaine : elle qui dit marcher dans ses rêves le jour des Innocents, se perd aussi vite que se défait son maquillage. On ne peut rester insensible à cette mise à nu de la grandeur et de la misère – surtout de la misère – de l’âme humaine, ainsi rendues d’une façon qui fait remarquablement entendre le texte nouvellement traduit. Une réussite.

Frédéric Manzini

 

Mademoiselle Julie

D’August Strindberg
Traduction et adaptation : Clémence Hérout et Nils Öhlund
Mise en scène : Nils Öhlund
Scénographie : Laurianne Scimemi
Costumes : Laurianne Scimemi, assistée de Blandine Gustin
Lumières : Laurent Schneegans, création de Michel Bergamin
Création son : Grégoire Harrer

Avec : Jessica Vedel (Julie), Carolina Pecheny (Kristin), Fred Cacheux ou Nils Öhlund (en alternance) (Jean)