MACBETH

Théâtre 71
3, place du 11 novembre
92240 MALAKOFF
01 55 48 91 00

Jusqu'au 14 février, puis en tournée en France
Le mardi et le vendredi à 20h30
Le mercredi, le jeudi et le samedi à 19h30
Le dimanche à 16h00

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Mis en ligne le 7 février 2014

Macbeth

 

Tous rivalisent de beauté et d'élégance dans un décor d'un gris certes sobre et froid mais raffiné. Les hommes arborent un costume bien coupé, Malcolm porte un uniforme de college britannique, Macbeth est vêtu d'un smoking et sa Lady une robe de soirée. Même les meurtriers sont habillés en garçons de café chics et impeccablement coiffés tandis que les sorcières sont jeunes, belles et nues.

Bien sûr il y a le déferlement de l'ambition et de la violence, bien sûr il y a de l'horreur, du sang, des meurtres et de la folie dans Macbeth. Beaucoup d'humour et d'allusions sexuelles aussi. Mais dans la version qu'en donne Anne-Laure Liégeois, l'outrance shakespearienne semblerait presque contenue. C'est que « Macbeth se joue dans le crâne de Macbeth, écrit-elle. Tout dans la tête. C'est seulement dans la tête que siègent les cauchemars. Pas dans la vie ». Depuis la première scène, où l'on voit le futur roi donner des coups d'épée dans le vide, jusqu'à la fin, il s'agit donc d'assister à un délire qui voit Olivier Dutilloy s'agiter beaucoup sous les yeux des autres personnages. Il est plus seul que jamais, lui qui n'a pas de descendance qui puisse donner un sens à sa conquête de pouvoir : même Lady Macbeth, qu'Anne Girouard interprète avec distance et au second degré, semble rester longtemps étrangère au mal qui affecte son mari, jusqu'à ce qu'elle-même soit à son tour frappée d'hallucinations.

On doit reconnaître beaucoup de mérites à une mise en scène inspirée, cohérente et sans concession (le texte est d'ailleurs donné en intégralité et dans la traduction d'Yves Bonnefoy). Elle épouse le rythme de la pièce avec ses moments calmes et ses moments de crise, comme cela ressort notamment lors de la magnifique scène du dîner. Elle respecte aussi, chose inhabituelle, les âges des personnages : le jeune Loïc Renard donne ainsi un relief singulier au rôle de Malcolm auquel on s'intéresse a priori assez peu. Elle se permet enfin des audaces surprenantes, notamment dans la représentation du questionnement sur la virilité de Macbeth, qui est un thème récurrent dans la pièce.

Ce théâtre est effectivement plein de bruit et de fureur, mais il signifie décidément beaucoup.

Frédéric Manzini

 

Macbeth

De William Shakespeare
Traduction Yves Bonnefoy
Mise en scène : Anne-Laure Liégeois
Assistée de : Marie-Charlotte Biais
Lumières : Dominique Borrini
Scénographie : Alice Duchange, Anne-Laure Liégeois
Réalisation sonore : François Leymarie
Costumes : Elisa Ingrassia, Anne-Laure Liégeois

Avec : Olivier Dutilloy, Anne Girouard, Pauline Belle, Sébastien Bravard, Elsa Canovas, Alessandro de Pascale, Philippe Houriet, Pauline Masse, Noé mercier, Sarah Pasquier, Jean-François Pellez, Jérémy Petit, Loïc Renard, Alexandre Ruby, Charles-Antoine Sanchez, Willie Schwartz