MACBETH – Théâtre de clown
Théâtre de Belleville
94 rue du Faubourg du Temple
75011 Paris
01 48 0672 34
Du 6 août au 8 septembre 2013 à 19h30, les dimanches à 15h
Il faudrait venir à ce spectacle sans rien en savoir. Se laisser surprendre. Ignorer qu'il s'agit de la tragédie de Macbeth, ne pas être averti que ce sont deux clowns qui vont nous mettre en lumière cette histoire sanglante, terrible et tragique imaginée par William Shakespeare. Entrer dans la salle et s'installer devant ce plateau presque nu comme par hasard, par inadvertance, en toute innocence. Ecarquiller les yeux et laisser le spectacle vous emporter.
Francis et Carpatte vont tour à tour raconter cette histoire et en incarner les personnages principaux. Et cette histoire est sous-tendue de folie, d'hallucinations, de présages, de signes et magies. Une folie meurtrière vue par l'apparente folie de l'absurde univers clownesque. Il y a des liens sensés dans toute cette déraison.
Maria Zachenska et Louis-Jean Corti (avec la collaboration à la mise en scène de Pierre Cornouaille) nous montrent là un travail d'une justesse fascinante.
Ils sont deux équilibristes que l'on regarde bouche ouverte, suspendu à l'étrange magie du mot, du geste, du son, dans la crainte de voir soudain s'écrouler l'histoire.
Cela demande aux deux interprètes une énergie sans cesse renouvelée et une rigueur invisible. Et il en faut pour sauter à tout moment dans les chausses de Macbeth, Banco, Lady Macbeth, sorcières, valets, pour ressurgir l'instant d'après en Francis et Carpatte, avec cette apparente impression de facilité qui exige tant de travail, d'énergie et de maitrise.
Il s'agit en vrai comme il est intitulé sur l'affiche, de théâtre de clown, mais plus encore de clowns de théâtre à la fois costumés dans leurs personnalités propres mais pouvant soudain incarner avec le sérieux monumental des enfants, les passions les plus cruelles.
Ils sont portés par une sorte de joie volubile et rassurante qui semble rendre sans cesse la pureté, laver ces mains sanglantes trempées dans le sang tiède d'un ébrouement, d'un désir de raconter, d'une facétie naïve et ingénieuse.
Le rire du jeu, son vent frais, purificateur parcourt tout le spectacle, de la première à la dernière minute.
Le décor de Georges Vafias? Ingénieux lui aussi.
Un grand tapis de scène décoré de ronds de différentes tailles, des ronds rouges couleurs du sang mais aussi des ronds qui rappellent sans cesse le nez de clown. Et les lumières de Pierre Cornouaille jouent elles-aussi avec ce double sens, faisant jaillir ces cercles dans les scènes de drame et les effaçant quand il faut.
Bref un spectacle qui déclenche presque malgré soi, le rire et l'émerveillement.
Bruno Fougniès
Macbeth
Texte d'après William Shakespeare
Mise en scène Maria Zachenska en collaboration avec Pierre Cornouaille
Scénographie et costumes Georges Vafias
Lumières Pierre Cornouaille
Avec les clowns Francis et Carpatte - Louis-Jean Corti et Maria Zachenska