LORENZACCIO, OU LE PÉCHÉ DES PRINCES
Comédie Nation
77 Rue de Montreuil
75011 Paris
01 48 05 52 44
Jusqu’au 4 avril 2015
Les mardis à 20h00 et les samedis à 21h00
Lorenzaccio, dont il faut rappeler qu’il n’a pas été écrit pour être représenté, est a priori un drame romantique profond, ample, long, complexe, shakespearien, mobilisant à la fois l’histoire et une distribution foisonnante. La mise en scène d’Eve Laudenback a voulu le réduire à quelque chose de plus modeste dans tous les sens du terme. Pour des raisons d’économie sans doute ; faisant de nécessité vertu, elle a dû couper largement dans le texte pour réduire la pièce à une durée raisonnable, à user d’enregistrements, de transitions raccourcies, de marionnettes et de tableaux peints pour évoquer les scènes et les personnages, jusqu’à faire interpréter à la valeureuse Johanne Leira de multiples rôles allant du cardinal à la marquise en passant par Sire Maurice, Venturi, Marie et Catherine, les enfants Strozzi, etc. Mais cette limitation correspond également à sa compréhension de la pièce de Musset – rebaptisée au passage Lorenzaccio ou le péché des princes – comme le montre la scène finale au cours de laquelle l’avènement de Côme de Médicis est présenté par… Arlequin, surgi de nulle part. Était-ce indispensable pour nous faire comprendre la vanité des luttes de pouvoir ? Dissonant, ce parti-pris rabaisse l’enjeu dramatique à celui d’une comedia dell’arte.
On peut ne pas être convaincu par un tel choix, pas plus que par celui de confier le rôle principal à Nicolas Malrone : pataud et changeant régulièrement le texte, ne jouant que sur le registre de la niaiserie, celui-ci ne trouve jamais le ton juste pour incarner les ambiguïtés du personnage de Lorenzo. À l’inverse, les performances de Thierry Charpiot en Philippe Strozzi et de Pierre Pirol en Alexandre de Médicis n’en sont que plus remarquables et bien servies par le resserrement du nombre des comédiens. C’est sur eux que l’attention des spectateurs se concentre, surpris par cette vision d’une pièce du répertoire classique.
Frédéric Manzini
Lorenzaccio, ou le péché des Princes
D’Alfred de Musset
Mise en scène et adaptation : Eve Laudenback
Musique : Sébastien Dutertry
Scénographie : Adélaïde Andreu
Costumes : Lou Delville, Pétronille Salomé
Masques et marionnettes : Damien Savary
Lumières : Alexandre Foulon
Avec : Thierry Charpiot, Johanna Leira, Nicolas Malrone, Pierre Pirol
Mis en ligne le 4 mars 2015