Grand opposant à Carlo Goldoni, Carlo Gozzi a écrit plusieurs fables destinées à la commedia dell'arte et donc jouées en général avec les masques appropriés … Léa Schwebel, adaptatrice et metteur en scène du spectacle, a choisi de le monter à la mode Goldoni, c'est à dire sans masque, peut-être pour défendre, comme le préconisait le grand Carlo, les caractères et non les archétypes.

Tous issus de l'Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et des Techniques de Diffusion de Bruxelles, les joyeux drilles qui forment cette compagnie portent donc cet Oiseau Vert avec une verve communicative. La mise en scène est alerte, la scénographie constituée de cubes superposables est légère à souhait et même les instants de changements de décors sont traités avec soin. 

Côté texte, on aurait pu ajouter à « d'après Gozzi », un « et d'après Benno Besson » car les passages cités, sans constituer la majorité du texte, sont nombreux. Comme le spectacle dure environ 1 h, on voit que l'adaptation a été drastique car pour tenir toute l'histoire dans cette durée, le spectacle étant en effet proposé « à partir de 7 ans », il a fallu élaguer à la machette. Ainsi les passages fantastiques de la pomme qui chante et de l'eau qui danse ont été ramenés à une scène de théâtre d'ombres. Pratique assurément d'un point de vue scénographique, mais un peu pauvre en terme d'imaginaire.

Et on touche ici peut-être à un point essentiel de cette proposition : ce texte bien que présenté comme une fable avec une part de merveilleux n'est à priori pas destiné aux enfants. C'est ce qu'avait fort justement relevé Benno Besson dans son adaptation. On se retrouve donc dans une forme de jeu un peu trop outrée à mon goût car voulant à tout prix séduire par le rire, les références modernes et les personnages caricaturés un peu à l'excès. Et on perd donc l'aspect conte initiatique, certes délirant mais bien présent originalement.

Cependant, on remarquera que ces comédiens en devenir sont tous bien distribués et qu'il font preuve d'une belle énergie et d'une grande précision corporelle. Tout particulièrement Marion Nguyen The dans son double rôle Smeradina-Tartagliona.

Compagnie à suivre donc ...

Jean-Michel Beugnet

 

 

L'oiseau vert

 d'après Carlo Gozzi
Site de la compagnie : www.rafistole.org
Adaptation et mise en scène : Léa Schwebel

Avec : Sophie Arnulf, Mathieu Besnard, Geoffrey Boissy, Elisabeth Lourtie, Marion Nguyen et Julien Pillot