LES YEUX D'ANNA

Théâtre 13 / Seine
30 rue du Chevaleret
75013 Paris.
01 45 88 62 22

Jusqu’au 20 janvier 2019
du mardi au samedi à 20h
dimanche à 16h

Tournée
du 14 au 16 fécrier au Théâtre Eurydice – Plaisir; Jeudi 14h30 et 20h30, vendredi 10h30 et 14h30. Samedi 15h et 20h30.
18 avril 2019 : Centre Culturel de Bures-sur-Yvette (matinée et soirée)

 

Les Yeux d’Anna loupe © Fabienne Rappeneau

La pièce, écrite en 2008 et reprise un peu partout (traduite en espagnol, anglais, bientôt en polonais...) a été inspirée par des violences exercées contre des jeunes filles par leur famille ou leurs camarades, pour des raisons X ou Y : désir d'indépendance, différence...

Ici, c'est la couleur des yeux d'Anna, vairons (on dit aussi pers) qui sert de point de départ prétexte à la haine des camarades de la jeune fille.

Les parents d'Anna ont leur propres problèmes, problèmes de travail pour Jean Tombe, le père, questionnement sur ses origines pour Monique, la mère. Du coup, ils ne voient pas ou refusent de voir le calvaire  de leur fille. Ils ne réagissent que quand elle se cloître dans sa chambre, trop tard, donc. On  moque Anna, on la traite de "sorcière", de "pisseuse, d'allumeuse..."  On l'a déshabillée dans la cour de son établissement scolaire.

À ses côtés, il y a Rachid, harcelé, lui, aussi et qui n'a rien pu faire.  Les tourmenteurs d'Anna sont nombreux mais on se concentre sur l'un d'eux, Clémentin : graine de rebelle, obsédé par la virilité, et la normalité, en quête d'un bouc émisssaire ou un autre. Comment comprendre son attitude ? Quel est le déclic qui l'a mené à de tels comportements ? Excellente prestation de Louka Meliava en Clémentin : fragilité assumée sous des dehors de dur, jeu tout en ambiguïté. La metteuse en scène, Cécile Tournesol joue le rôle de la secrétaire Barbara, responsable de la chute de Jean. Jean, c'est Julien Muller, ronchonnant et maladroit, dépassé dans sa relation de couple, sa paternité et ses problèmes professionnels. Cécile Métrich convainc tout autant dans le rôle de la mère. La trouvaille c'est, bien sûr, de ne pas montrer Anna : c'est "l'Arlésienne" de cette pièce. Tout s'articule en creux (donc avec d'autant plus de force) autour d'elle. Écriture sobre avec parfois des élans poétiques maîtrisés. Les projections, de textes notamment, souvent un peu cliché, fonctionnent ici plutôt bien et la musique d'Aldo Gilbert est au diapason, de même que les éclairages et le dispositif scénique.

Souligons que, vu son thème et son traitement, cette pièce répond peut-être davantage aux interrogations d'ados, mais elle touchera tous les publics.

On pourrait trouver, ça et là, quelques petites choses moins probantes,  mais elle se regarde avec intérêt : travail efficace sur un sujet "brûlant", elle méritait cette reprise, tout à fait convaincante.

Gérard Noël

 

Les Yeux d’Anna

de Luc Tartar.
Mise en scène : Cécile Tournesol

Avec : Tigran Mekhitarian ou Théo Askolovitch, Louka Meliava, Cécile Métrich, Julien Muller, Cécile Tournesol

Scénographie : Bruno Collet
Lumières : Patrice Le Cadre
Vidéo/images : Fred Bures, jean-Thierry debord, Hédrien Majorel
Musique : Aldo Gilbert
Costumes : Philippe Varache
Assistant : Romain Sitruk

 

Mis en ligne le 10 janvier 2019