Théâtre Michel
38 rue des Mathurins
75008 PARIS
Renseignements et réservations 01 47 88 99 17
Vendredi 30 décembre à 16 h, mercredis 15, 22, 29 février 2012
Ne vous laissez pas (surtout pas !) influencer par le fait que ce spectacle se joue à 16h et qu’on pourrait hâtivement le ranger dans la catégorie des pièces « pour enfants » : c’est un beau et bon spectacle. Pour tous.
Molière, quand il écrit « la comtesse d’Escarbagnas » et « Les précieuses ridicules » avait peut-être prévu de les faire se succéder, vu qu’elles critiquent toutes deux les précieuses et les pédants. Il n’avait pas dû envisager de les enchâsser, comme l’a fait le metteur en scène et c’est une trouvaille qui fonctionne plutôt bien : il suffit que le comte annonce qu’il a préparé un petit intermède ballet mêlé de musique pour que cela commence et que l’on ait du théâtre
dans le théâtre, avec ce côté assumé qui fait que les comédiens (improvisés) sont sujets aux trous, ce qui ne fait bien sûr, que renforcer le comique de la chose.
Pour le reste, quelques précisions : La comtesse d’Escarbagnas vit à Angoulême et ne rêve que de Paris, au point d’en imiter les robes et la façon pincée de parler. Son soupirant est un propriétaire du coin, un « bourgeois » disait-on, ce qui le classe instantanément. Jolie prestation de Séverine Delbosse au jeu large et au rire de gorge très réjouissant. Les deux tourtereaux sont très bien aussi, quant au valet (Olivier Girard) sa mobilité et ses mines abruties sont des plus
réjouissantes. Cette pièce, une des premières de Molière, n’est plus guère jouée. À vrai dire, elle tournerait un peu à vide si elle ne servait de rampe de lancement aux « Précieuses ridicules » (1659) dont l’argument est plus connu : deux amoureux éconduits par des précieuses, ont l’idée d’envoyer leurs valets, Mascarille et Jodelet, séduire les deux belles. Et ça marche, bien sûr, au-delà de toute espérance. Les filles (Mona Thanaël et Sophie Reynaud) sont maniérées. Gloussant à tout propos, elles se
croient tout à coup introduites dans le grand monde. Yves Roux, dans le rôle de Mascarille (que tenait Molière) a de l’aisance et se tire à son honneur du morceau de bravoure que représente la récitation du sonnet. Quant à Jodelet, Simon Gleize lui prête sa gouaille en demi-teinte et son flegme.
La mise en scène de Jean-Philippe Daguerre est efficace et soignée, et ne fait pas moins d’effet sur les chères têtes blondes qui sont dans la salle. Il y a des trouvailles de décor et de costumes, des gags et les comédiens (pardon de ne pas les citer tous) sont parfaits, chacun dans son rôle.
Le nom de la Compagnie est « Le Grenier de Babouchka » et c’est une équipe à suivre. D’ailleurs, elle se produit pour encore un bon bout de temps au théâtre Michel.
Gérard NOEL
Les Précieuses Ridicules, précédées de La Comtesse d'Escarbagnas
Mise en scène de Jean-Philippe Daguerre
Décors : Simon Gleizes et Franck Viscardi
Costumes : Corinne Rossi
Musique : Petr Ruzeka
Artistes : Grégoire Bourbier, Isabel De Francesco, Séverine Delbosse, Olivier Girard, Simon Gleizes, Charlotte Matzneff, Sophie Raynaud, Edouard Rouland, Yves Roux, Mona Thanael, Andrea Torres-Gibert
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