LES NUITS BLANCHES DE L’ANGE BLEU

Théâtre du Nord-Ouest
13 rue du Faubourg-Montmartre
75009 Paris
01 47 70 32 75

Jusqu'au 3 février
Le samedi et le dimanche à 14h30
Dimanche 21 janvier à 20h45

 

Les Nuits blanches de l’Ange bleu loupe Photo Claude Bourbon

On connaît tous son nom, ce nom qui, comme disait Cocteau, commence comme une caresse et finit en coup de cravache.

Marlène Diétrich dont la postérité retient surtout l’image de femme fatale et grande amoureuse à l’instar d’Édith Piaf qui fut sa grande amie, nous est ici racontée par Luana Kim.

Elle fait revivre ce personnage hors du commun par la grâce de son écriture et du sérieux de son travail de recherche, ce qui ne me surprend pas car je les connais bien, Luana me faisant l’honneur d’écrire régulièrement des papiers pour Regarts.

Elle nous présente Marlène à la fin de sa vie, seule dans son appartement de l’avenue Montaigne, abandonnée de tous si ce n’est son fidèle Sacha Briquet, sentant avec effroi venir la déchéance.

Et les souvenirs reviennent…

Luana, qui est également l’interprète du rôle, nous fait revivre alors cette première moitié du XXème siècle qui nous fut proche mais qui nous devient de plus en plus lointaine.

C’est la rencontre avec celui qui fut son pygmalion, Joseph von Sternberg, qui créa le mythe de l’Ange Bleu avant de lui faire démarrer une fabuleuse carrière à Hollywood. Belle reconstitution d’une des scènes fameuses du film avec Marlène assise jambes croisées sur le piano.

Mais Luana met avant tout l’accent sur un aspect moins connu de la star, son engagement contre le nazisme qui la conduisit à entrer dans l’armée américaine et lui valut en 1947 la Médaille de la liberté, la plus haute distinction américaine.

Mais là où Luana est véritablement bluffante c’est quand elle fait revivre la Marlène chanteuse. Aussi à l’aise en allemand ou en anglais qu’en français, elle chante même en hébreu avec beaucoup d’émotion le célèbre Shir Hatan. Étourdissante, époustouflante, elle interprète avec brio et une aisance stupéfiante les plus grands succès de Marlène, dansant, occupant l’espace avec une belle présence.

Ses compagnons de jeu sont à la hauteur, que ce soit Frédéric Thérisod en fidèle Sacha, étonnant Sternberg ou encore en Gabin gouailleur, Gabin le grand amour de Marlène, ou Frédéric Morel, excellent Erich Maria Remarque ou encore le seul personnage inventé, un certain Monsieur Jean Reyv (prononcez Rêve), qui permet le lien entre passé et présent.

Ajoutons que les costumes sont bien travaillés et les lumières parfaitement au point.

Un excellent spectacle qui joue à plein sur la nostalgie et le souvenir et nous laisse enchantés, émus et troublés, nous donnant envie de revoir les films de Marlène Diétrich. Une belle parenthèse à ne pas manquer, il reste encore quelques dates dans ce charmant théâtre du Nord Ouest qui fut celui d’Édith Piaf (sa loge est toujours là) et où passèrent bien d’autres célébrités.

Nicole Bourbon

 

Les Nuits blanches de l’Ange bleu

De : Luana Kim 
Réalisateur/Metteur en Scène : Olivier Bruaux et Luana Kim

Avec : Frédéric Thérisod, David Herridge, Luana Kim, Frédéric Morel, Alain Caron et Christian Wachter (en alterance).

 

Mis en ligne le 13 janvier 2018