LES MÉMOIRES D’UN FOU

Théâtre de Poche Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse
75006 Paris
Tél : 01 45 44 50 21

Jusqu’au 8 novembre 2015
du mardi au samedi à 19h00
et le dimanche à 17h30

 

Les mémoires d’un fou loupe 

Gustave Flaubert écrit ce texte à 17 ans, en 1838. Il ne sera pas publié de son vivant.

C’est surprenant d’écrire ses mémoires si jeune. Car il s’agit bien ici, pour une énorme part, de souvenirs autobiographiques mêlées à de dissertations sur le monde, l’art, la vie, l’amour.

À 17 ans, Flaubert n’est pas encore le grand écrivain qu’il est destiné à devenir, mais il est déjà un grand observateur de l’humanité et un fin analyste des tourments et des émotions intimes. Ces mémoires ondulent ainsi dans ces deux domaines : des réflexions sur le monde qui l’entoure et les descriptions des blessures et des passions qui l’ont construit.

C’est un écorché que ce narrateur, que ce fou. Insatisfait par le monde existant, les petits intérêts mesquins, la bassesse des sentiments et des désirs, terrorisé dans son enfance par une institution scolaire désuète, agressive, ignorante. On ne sait si c’est l’histoire d’un fou ou plutôt l’histoire d’un génie non reconnu, d’un cœur un peu plus sensible que les autres, d’un amoureux de l’art et de la perfection que la rudesse et la grossièreté de la société qui l’entoure rend fou.

Sous les lignes écrites par Flaubert brûle toute l’exaltation de l’adolescence éternelle. Une exaltation tournée vers le beau, l’idéal, l’incorruptible.

William Mesguich, avec la générosité et l’énergie qu’on lui connaît, plonge de toute son âme dans l’incarnation de ce personnage. Son amour du verbe et des grands textes éclate ici lorsqu’il profère avec mille nuances ces longues phrases parfois romanesques, parfois directement adressées au public. Il prend les mots de Flaubert avec une totale sincérité. Sa diction, sa profération très élaborée donne par moment envie d’un peu plus de simplicité.

Le décor est construit presque exclusivement de feuilles blanches qui jonchent le sol et s’accrochent aux murs et aux meubles. C’est comme un nid où vit cet être extravagant. Mais il s’agit bien de cela finalement. Il s’agit d’écriture. Un décor ingénieux puisqu’il permet des projections vidéo qui tracent des phrases dorées sur ces manuscrits ou alors nous transportent dans les lieux où se déroulent certains souvenirs. Alors cette grotte littéraire devient falaises aux pieds desquelles notre jeune fou est frappé par les premières flèches de l’amour. Maria… Belle Maria, jeune mère, dont le sein jailli sous son regard tétanisé par cette volupté nouvelle.

La mise en scène de Sterenn Guirriec est très dynamique. Les bandes son, les projections, les noirs rapides donnent un rythme soutenu au spectacle. Des éclairages ingénieux et l’utilisation de tout l’espace du plateau par William Mesguich renforcent l’intensité du texte de Flaubert, qu’il soit jaillissant d’éclats de colère contre l’ignorance et la stupidité ou tout frémissants d’éclats de désir amoureux fou. 

Bruno Fougniès

 

Les mémoires d’un fou

De Gustave Flaubert
Adaptation Charlotte Escamez
Mise en scène Sterenn Guirriec

Avec William Mesguich

 

Mis en ligne le 4 octobre 2015

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