LES FRÈRES KARAMAZOV
Épée de Bois – Cartoucherie
Route du Champ de manœuvre
75012 Paris
Réservations : 01 48 08 39 74
Jusqu'au 13 avril 2014
du mercredi au samedi à 20h30
dimanche à 16h00
Durée : 3h (dont 8 minutes de changement de décors)
Photo : Tekoaphotos
Apprenti comédien « hanté par le vide et l'absurde », selon ses propres paroles, et interpelé par « les questions existentielles que peut se poser un Ivan Karamazov », Olivier Fenoy, fasciné par l'œuvre de Dostoïevski, ne pouvait pas ne pas adapter, à un âge plus mûr, « Les frères Karamazov », ce roman de mille pages déjà transposé au théâtre et au cinéma, qui met en scène les rapports violents entre un père et ses quatre fils, et le drame qui en découle.
Dans la famille Karamazov, nous avons donc Fiodor le père, hobereau de province libertin et dépravé ; Dmitri, lieutenant fêtard, opposé à son père pour une histoire d'argent – il s'estime lésé de son héritage maternel – et de femme – les deux hommes se disputant les faveurs de la même demoiselle ; Ivan, l'intellectuel laïc et désespéré, obsédé par la question du mal, n'éprouvant que mépris pour le bouffon libertin qui lui tient lieu de père ; Aliocha, le plus jeune, pieux et profondément attaché à la religion, blessé par la grossièreté paternelle ; enfin Smerdiakov le bâtard, issu d'une pauvresse mystérieusement assassinée en le mettant au monde, qui voue une haine destructrice à un géniteur qui ne l'a pas reconnu et l'utilise comme serviteur.
Orphelins de mère et délaissés par ce père qui ne s'est jamais soucié d'eux, ils n'ont pas connu la tendresse qui permet aux enfants de s'épanouir et ont toutes les raisons de le détester. Sauf Aliocha, cœur pur touché par la grâce et la résilience. En effet, novice dans un monastère, il a trouvé, en la personne du starets (saint moine) Zossima, un père spirituel.
Mais la présence lumineuse d'Aliocha auprès de ses frères ne suffira pas à empêcher le meurtre du père, qui semble inéluctable.
« Ça sent le meurtre, ici. » déclare, dès le début, Dmitri, et, dès lors, va se dérouler l'histoire du parricide, contée comme une intrigue policière par un narrateur extérieur car, jusqu'au dénouement, chacun des frères – hormis Aliocha – peut être souçonné.
Cependant, s'il n'y a qu'un assassin, tous sont également coupables car qui n'a pas souhaité sa mort ?
La culpabilité, un des thèmes récurrents de l'œuvre de Dostoïevski est ici omniprésente. « Nous sommes tous coupables. Pardonne à tous les humains pour tout. Pour tout et pour tous ! » dit le starets à Aliocha.
La scénographie et la mise en scène traduisent la noirceur de l'intrigue et la solitude des personnages, qui évoluent dans un décor épuré plongé en permanence dans une semi obscurité. Cécile Maudet, co-metteur en scène souligne leur isolement par le parti-pris de la présence dans le « hors jeu ». « Qu'ils soient ou non sollicités dans le texte, les comédiens sont toujours en scène autour de l'espace central, chacun dans sa solitude, dans son monde. », indique-t-elle.
La distribution est exemplaire, ne serait-ce que pour le physique des acteurs qui, pour chacun, colle parfaitement au personnage qu'il représente.
Avec cette adaptation des « Frères Karamazov », le Théâtre de l'Arc-en-Ciel nous offre une version scénique magistrale qui respire l'harmonie.
Elishéva Zonabend
Les fréres Karamazov
Traduction André Markowicz
Adaptation et dramaturgie Iris Aguettant, Cécile Maudet, Olivier Fenoy, Bastien Ossart
Mise en scène Olivier Fenoy, Cécile Maudet
Avec
Olivier Fenoy – Fiodor Pavlovitch Karamazov
Bastien Ossart – Dmitri Feodorovitch
Jean-Denis Monory – Ivan Feodorovitch
Gabriel Perez – Alexeï Feodorovitch
Laurent Charoy – Smerdiakov
Peggy Martineau – Grouchenka
Laurence Cordier – Katerina
Julien Marcland – Moussialovitch
Bertrand Boss – Staret Zossima
Jean-François Singer – Grégory
Sophie Milchberg – Maria
Corentin Brosset – Andrej
Direction musicale Eveline Causse
Scénographie Eric Baptista
Son Philippe Rabuteau
Lumières Philippe Bourgeais
Costumes Chantal Rousseau
Production : Théâtre de l’Arc-en-Ciel