Au théâtre « Les déchargeurs »,
3 rue des Déchargeurs, 75001 PARIS
Tél : 01 42 36 70 56
du 12 avril au 21 mai 2011, à 20h
Laurent Leclerc, jeune auteur et comédien (metteur en scène aussi) a beaucoup travaillé pour la radio, qu'il s'agisse de radios françaises, belge ou canadiennes. Est-ce pour cette raison qu'on remarque, au début de la pièce, l'abondance et la fluidité du langage. Par ce côté ping pong qui ignore les réponses « à côté » pour privilégier la frappe, si possible à chaque réplique.
D'une situation de base (plutôt sociale, comme il aime à le dire), celle de deux laissés pour compte, deux licenciés d'une entreprise qui a fermé, Laurent Leclerc tire la matière du spectacle. Et si la direction avait détourné des lingots d'or ? Et si l'ouvrière avait le projet de les récupérer en faisant un cambriolage chez l'ancien patron ? Et si son partenaire, gros bébé barbu (joué par l'auteur) ne la suivait que du bout des lèvres, un peu fataliste, un peu
velléitaire, à peine stimulé par son envie à elle de consacrer l'argent à l'achat d'une sandwicherie ? D'amour entre eux, il n'est pas question. C'est plus subtil, plus fort : deux noyés qui font un bout de chemin ensemble, qui se rendent compte que chacun peut contribuer à la survie de l'autre. Même si la tentation est forte, souvent, de tout laisser tomber en plantant l'autre là.
On sent que l'auteur suit son fil, qu'il ne dévie pas, ou pas trop. Qu'il a envie qu'il y ait des marionnettes pour nous raconter les dessous de l'histoire, qu'une lampe qui s'allume représente la conscience de l'ouvrière, qu'on voie le chalumeau qui découpe le coffre et que les lingots soient bien dorés, même s'ils font un bruit de bois. Autant dire que la théâtralité qui faisait défaut au début, (décor de bric-à-brac, jeu de questions-réponses entre les deux personnages,
vains allers et retours sur scène) se manifeste peu à peu. Grâce à la petite musique de l'histoire, tout d'abord et surtout à l'énergie bluffante de Margaux Delafon. Elle est l'élément moteur de la pièce, celle qu'on a envie de suivre pour qu'elle nous parle encore, de l'âge ou des plages, de son mari Robert qui est paralysé, de ce mystérieux carnet sur lequel elle semble tout avoir noté. Malgré quelques flottements, cette courte pièce se suit avec plaisir, les rires complices des spectateurs le prouvent assez.
La présence, à la collaboration artistique, d'un ancien comédien d'Ariane Mnouchkine, Gérard Hardy, est un gage d'exigence et de qualité. Nous ne sommes pas déçus : le spectacle tient plutôt ses promesses et nous attendons avec intérêt les prochaines réalisations de Laurent Leclerc et de sa compagnie Barouf théâtre.
Gérard NOEL
Texte publié aux éditions du Cygne
Laurent Leclerc
Metteur(s) en scène
Margaux Delafon et Laurent Leclerc
Production
Co-Réalisation Les Déchargeurs / Barouf Théâtre
Salle Vicky Messica du 12 avril au 21 mai 2011 à 20h00, du mardi au samedi.
Avec
Laurent Leclerc, Margaux Delafon
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