LES ENIVRÉS

Théâtre de la Tempête (salle Serreau)
La Cartoucherie, rue du Champ-de-manœuvre
75012 Paris  
01 43 28 36 36

Jusqu’au 21/10/2018
Du mardi au samedi 20h et le dimanche à 16h.

 

Les Enivrés loupe 

Il s’agit d’une pièce d’Ivan Viripaev, le plus joué des auteurs vivants russes sur les scènes francophones, nous dit-on. Sur la foi du titre, on imaginait d’entrée de jeu, le propos, des personnages éméchés dans des péripéties drôlatiques, voire poétiques, une sorte de "very bad trip" théâtral en même temps qu’une méditation (pourquoi pas ?) sur l’ivresse.

Tout faux. Viripaev aligne effectivement des séquences où l’on retrouve de loin en loin les mêmes personnages, un distributeur de films, une prostituée, un couple mal assorti, deux femmes (la nouvelle et l’ex), un homme convaincu (sous alcool) d’avoir un frère prêtre catholique, un autre enterrant sa vie de garçon...

La grande trouvaille du scénographe, c’est une scène tournante qu’il utilise beaucoup.

En prime, bien sûr, les personnages (14 en tout) titubent, tombent, se relèvent, s’invectivent, répètent plusieurs fois les mêmes phrases ou les mêmes questions.

Un des problèmes de la pièce est sa longueur : elle aurait duré une heure de moins que personne ne s’en serait plaint. Toutes ces répétitions qui plombent le texte et finissent par lasser le spectateur font vrai, admettons-le, mais si c’est l’effet recherché, il faut savoir, ici aussi, où s’arrêter. Les quelques spectateurs qui quittaient la salle, au bout d’une heure et demie ou deux heures, pourraient en témoigner.

Que dire du propos ?

Pour Viripaev, l’alcool mène à la prolixité, à l’agresssivité... et souvent à la discussion métaphysique. Bon. La "morale" : l’alcool permet d’être touché par Dieu est dite et répétée.

Une autre tendance est de dire une chose sur Dieu, la vie... pour l’annuler juste après par une action ou d’autre propos des personnages.

Des répliques sonnent juste et des personnages font rire ou touchent. On retiendra certains passages comme l’enterrement de la vie de garçon, ou bien les échanges de l’éternel triangle (mari, femme et ex’) de même que cette scène finale, assez étonnante où un personnage joue, semble-t-il la carte de l’honnêteté, de la franchise avec un message fort : il faut tout rendre, ne rien garder. Ceci pour mieux "abuser" ensuite de la jeune femme qui l’écoutait, transfigurée.

Pas de décor, hormis cette scène tournante. Les éclairages sont efficaces et bien conçus. La mise en scène est fonctionnelle et les interventions de personnages dans le hall du théâtre, puis dans la salle, plutôt bien venues.

Les comédiens sont convaincants et justes... avec une mention spéciale pour John Arnold (Mark).

Gérard Noël

 

Les Enivrés

de Ivan Viripaev.
Mise en scène : Clément Poirée.

Avec : John Arnold, Aurélia Arto, Camille Bernon, Bruno Blairet, Camille Cobbi, Thibault Lacroix, Matthieu Marie, Mélanie Menu.

Scénographie : Erwan Creff
Lumières : Elsa Revol assistée de Sébastien Marc
Costumes et masques : Hanna Sjodin assisté de Camille Lamy
Musique et sons : Stéphanie Gibert
Maquillages : Pauline Bry
Collaboration artistique : Margaux Eskénazi
Régie générale : Faroud Laroussi

 

Mis en ligne le 18 septembre 2018