Photo Ptricia Lacan

Quel  bonheur d'assister à l'aboutissement d'un projet théâtral qui prend ses racines en Bolivie, dans un quartier défavorisé de Santa-Cruz ! 

« En 2010, Marcos Malavia, directeur de la première école nationale de théâtre de Bolivie me contacte et me propose de venir travailler à l'École sur un de mes textes », raconte le metteur en scène et dramaturge Jean Paul Wenzel. Au fil du temps, des liens se créent et la volonté de monter un spectacle ensemble s'impose. « Au printemps 2013, j'en parle à Ariane Mnouchkine qui propose, en collaboration avec Antonio Diaz-Florian, directeur du Théâtre de l'Épée de bois, de nous accueillir à la rentrée 2014 à la Cartoucherie à l'occasion de la célébration des 50 ans du Théâtre du Soleil ». Et c'est parti ! Grâce à la conjonction de toutes ces volontés, un pont créatif est lancé entre les deux continents.

Quel bonheur, aujourd'hui, de voir ces acteurs jouer pour la première fois en France et, en plus, dans leur langue natale ! Dotés d'une forte présence sur scène, animés par une belle énergie, ils nous racontent la vie d'un bataillon bolivien (au moment de la guerre avec le Paraguay dans les années trente) perdu dans une nature hostile, ce Chaco aride et torride. Luttant pour calmer leurs peurs et leurs angoisses, épuisés par la faim et la soif, ces hommes sous tension  vont avoir recours à des stratagèmes personnels. Tantôt la croyance en Dieu, tantôt le souvenir d'une fiancée, tantôt le mensonge serviront de béquilles indispensables à leur survie. « Vivre alors que tout dit meurs », constate un des protagonistes de la pièce.

Menée tambour battant, la mise en scène est alerte et les acteurs de grande qualité. Jeux de lumières, chorégraphie, ambiance sonore contribuent à happer le public dans cette quête d'eau miraculeuse et salvatrice.

Si, honnêtement, la pièce n'est pas inoubliable, le plaisir du jeu et de la mise en scène, le plaisir d'entendre cet espagnol  très fluide (plus facile à comprendre que celui des espagnols), le plaisir d'être dans ce ravissant théâtre de l'ÉEpée de Bois, où l'on peut boire et grignoter comme au Théâtre du Soleil, l'emportent sur toute autre considération critique. Un projet positif à encourager et partager !

Patricia Lacan-Martin

 

Photo Pricia Lacan

Les Égarés du Chaco

D'après « La lagune H3 » de l'auteur franco-bolivien Adolfo Costa du Rels
Mise en scène : Jean-Paul Wenzel
Adaptation : Arlette Namiand

Avec la troupe Amassunu issue de l'Ecole Nationale de Théâtre de Bolivie : Javier Amblo, Susy Arduz, Mariana Bredow, Andrés Escobar, Ariel Munoz, Antonio Peredo, Marcelo Sosa

Création Lumières : Thomas Cottereau
Création sculptures : Juan Bustillos
Chorégraphie : Diego Guantay
Traduction : Eva Castro
Production : Dorénavant Compagnie
Sur-titrage en français

Après la Cartoucherie, le spectacle sera joué  à Madrid, Genève et Lyon