LES CRÉANCIERS
30 représentations exceptionnelles
Au studio Hébertot
78 bis boulevard des Batignolles
75017 Paris
Le 15 mars à 21h00.
Et du 22 mars au 23 avril
Du mardi au samedi à 21h00
Les dimanches à 15h00.
Vu à l’Auditorium Saint-Germain en janvier 2016
Sous-titrée « Récit d’un sentiment intemporel et transgénérationnel », cette version a une nette tendance à l’esthétisme. Passons sur le décor, qui voudrait bien dire beaucoup mais n’est que bric-à-brac, surtout sur la grande scène de l’Auditorium. Plus intéressante est l’approche des personnages : le metteur en scène a voulu les rajeunir, pourquoi pas… et actualiser la pièce. Affèteries, musiques et nudités (torse et ventre pour les hommes, jambes pour la femme), on craint le pire. Et puis les meilleures intentions, pour intellectuelles qu’elles soient, se calment pour laisser la place au dialogue de Strindberg et à l’action. Il y a donc un léger décalage entre ces partis pris (qui n’apportent pas grand-chose et agaceraient plutôt) et ce qui est donné à voir ensuite : un drame humain et psychologique, entre trois personnages, deux hommes et une femme. Les deux sont amis, Adolf et Gustaf et la femme, Tekla est, pour ainsi dire la pièce rapportée, celle que l’on ne comprend pas, et dont le pouvoir effraie.
Car toute la pièce est assez violemment misogyne. « La femme, enlève-lui les jupes, que reste-t-il ? » entend-on. Mais aussi : « L’imagination, c’est la bête qui se cache dans l’âme des hommes. » On voit bien que Strindberg, nourri de sa propre histoire et de ses démons, a voulu frapper haut et fort sur le thème du couple. Son œuvre frôle le mélo, sans y tomber, pour atteindre au plus noir du drame.
La cruauté du texte, assez rapidement, s’impose aux comédiens qui nous la transmettent au plus serré, avec justesse. Cette rencontre de deux hommes, dont un, sculpteur est « mal » marié et a l’impression d’avoir « donné, donné et donné » à sa femme sans rien recevoir en retour, nous touche. Il est un des « créanciers » du titre. Les conseils avisés de l’ami sont lourds d’ambiguïté. Et que dire de la scène entre l’ami et la femme… apportant une surprise de taille, que nous ne révélerons évidemment pas.
Il est toujours intéressant de voir des personnages « tout d’une pièce » qui se nuancent ensuite : à ce jeu, Benjamin Lhommas et Julien Rousseaux sont très efficaces. Quant à Maroussia Henrich, dans le rôle de Tekla, elle est tout simplement excellente.
Gérard Noël
Les Créanciers
Une tragi-comédie de August Strindberg.
Mise en scène : Frédéric Fage.
Avec : Maroussia Henrich, Benjamin Lhommas, Julien Rousseaux.
Musique : Stéphanie Renouvin et Olivier Bovis .
Photographe et conseiller artistique teaser : Slimane Brahimi.
Mis en ligne le 26 janvier 2016
Actualisé le 24 février 2016