LES CAVALIERS
Théâtre La Bruyère
5 rue La Bruyère
75009 - Paris
01.48.74.76.99
Jusqu’au 30 avril
Du mardi au samedi à 21h00
Matinée samedi à 15h30
Joseph Kessel, également auteur du « Lion » et de « Belle de jour » a publié en 1967 ce roman que d’aucuns tiennent pour son chef d’œuvre.
Nous sommes dans les plaines de l’Afghanistan avec ce sport national appelé le bouzkachi. Dans ce jeu très dangereux et difficile, les plus valeureux s’affrontent. Or, le vieux Toursène qui en fut un champion, a laissé la place à son fils Ouroz avec un cheval, Jehol, qui est lui-même le descendant de toute une lignée. Ouroz va-t-il l’emporter ? Non, il perd et se retrouve même blessé durant la course. Toute l’histoire va être le retour au bercail avec Mokkhi, son serviteur et le cheval Jehol. « C’est une histoire d’homme. Les failles de l’homme. Les esprits sont bâtis sur ces failles… l’honneur, la dignité, la fierté. » C’est ce qu’écrit Éric Bouvron, adaptateur et co-metteur en scène. Et comédien : il interprète avec énergie et conviction plusieurs personnages, dont Toursène et Mokkhi. Grégory Baquet, (ou Benjamin Penamaria) joue Ouroz.
Et le cheval… le cheval ? Nous ne révèlerons pas comment il est figuré, mais cet artifice qui paraît un peu « énorme » au début, s’intègre très bien à l’histoire et on adhère complètement à ce traitement à la fois poétique et symbolique. Rien de tout cela ne fonctionnerait sans la présence inspirée de Khalid K, à la fois bruiteur et musicien. Il est crédité des « sons et de la musique » mais il est bien plus que cela : l’âme de ce spectacle, celui qui fait décoller chaque scène à base d’incantations et de rythmes.
Les éclairages sont soignés et créent des espaces différents, qu’ils soient resserrés ou bien immenses, comme le désert. Dans cette heure et demie, très fidèle à l’œuvre de Kessel, l’intérêt faiblit un peu, aux trois-quarts : on a découvert l’univers, on suit les personnages et l’histoire mais le renouvellement tarde, comme quoi des péripéties romanesques peuvent résister au traitement théâtral. Heureusement, cela dure peu : Il y a eu ce combat de béliers, la soudaine richesse de Ouroz et les tentatives de Mokkhi et Zéré (une jeune nomade rencontrée par hasard) pour le voler. Puis, voilà le fils devant le père, comme au début. Que va-t-il advenir d’Ouroz ? La boucle se boucle, et nous assistons, envoûtés, aux derniers instants.
Que dire de plus, sinon que c’est un petit bijou. Un spectacle hautement recommandé pour la précision des comédiens, la tension qu’ils créent dans cette aventure à mi-chemin du conte et de la légende dont Kessel lui-même disait : « À travers les Cavaliers, j’ai écrit mon testament à la vie. »
Gérard Noël
Les cavaliers
d'après Joseph Kessel
Avec : Éric Bouvron, Grégori Baquet ou Benjamain Penamaria, Maia Gueritte, Khalid K
Metteur en scène : Éric Bouvron, Anne Bourgeois
Costumes : Sarah Colas
Création Lumières : Stéphane Baquet
Assistanat mise en scène : Gaëlle Billaut-Danno
Musique originale : Khalid K.
Mis en ligne le 29 février 2016