LES CAPRICES DE MARIANNE
Vingtième Théâtre
7, rue des Plâtrières
75020 Paris
Tél. 01 43 66 01 13
Jusqu’au 19 avril 2015
Jeudi vendredi samedi à 19h30, dimanche à 15h.
Cette pièce de Musset, écrite pour être lue, a connu plusieurs transformations : voici la dernière, où le metteur en scène s’est inspiré de différentes versions du texte pour nous restituer une œuvre à la fois baroque et foisonnante. Elle est traitée, de plus, sur le mode tragique. Cela transparaît dès le début, dans le choix du décor, tirant vers le gothique anglais ce qui, au départ, était situé dans un Naples de carte postale. Masques hideux, pavés humides, éclairages bleutés (magnifiques) et joie forcée de ces fêtes et déguisements. On comprend, peu à peu que le principe qui a été choisi est de faire se correspondre l’ambiance crépusculaire du traitement avec la fin de la pièce. La musique, elle, scande l’action : elle est rythmée, forte, ce qui est loin d’être un mauvais choix.
L’amour et la mort…le rapprochement est fait à plusieurs reprises dans le texte de Musset : on sait que, chez lui, le romantisme est proche parent de la tragédie. Que c’est un être double qu’il met souvent en scène : l’amoureux forcément malheureux et le débauché qui ne croit plus en rien, hormis, peut-être en l’amitié. Dans cette histoire, la belle Marianne, épouse du juge Claudio, est courtisée par Coelio le ténébreux. Peine perdue, elle l’éconduit. Voici alors que le propre cousin de Claudio et ami de Coelio, Octave, se fait son messager. Et ce qui s’ensuit. On notera quelques piques bien senties : « Une femme, lance Marianne, c’est une partie de plaisir ; Ne pourrait-on pas dire quand on en rencontre une : voilà une belle nuit qui passe ! » Plus loin, une métaphore, fait le parallèle entre le vin et les femmes.
Cette œuvre courte (1h15) n’est pas Lorenzaccio, mais c’est du Musset et du meilleur : élégant, lucide, maniant le paradoxe et la formule brillante : « Ah, Marianne, c’est un don fatal que la beauté ! La sagesse dont elle se vante est sœur de l’avarice… » La mise en scène, loin de se borner à paraphraser le texte, lui donne toute sa mesure. Elle peut être violente ou grotesque. Elle fait flèche de tout bois et les comédiens, inspirés, ne sont pas en reste : citons la gravité de Guillaume Bienvenu en Coelio et le côté à la fois diaphane et farouche de Margaux Van Den Plas en Marianne. Colette Teissedre convainc tout à fait dans le rôle d’ Hermia, la mère de Coelio. Quant à Stéphane Peyran, maître d’œuvre de la soirée et interprète d’Octave il a la truculence … et la complexité que requiert son personnage.
Il est bon, finalement, que « le théâtre dans un fauteuil » conçu par Musset ait quitté l’écrit pour passer la rampe et se retrouver sur scène. N’hésitez pas à le vérifier en allant voir cette superbe version des « Caprices de Marianne ».
Gérard Noël
Les caprices de Marianne
Pièce d’Alfred de Musset
Mise en scène : Stéphane Peyran
Avec : Guillaume Beinvenu, Axel Blind, Sylvy Ferrus, Gil GGeisweiller, Robin Laporte, Stéphane Peyran, Colette Teissedre, Margaux Van Den Plas
Scénographie : Baptiste Belleudy
Lumières : Laurent BéalCostumes : Ségolène Bonnet et Baptiste Belleudy
Construction décors : Pierre Pernois et Anne d’Alançon
Chorégraphie : Amélie Parias.
Mis en ligne le 1er mars 2015