LES BEAUX

Théâtre du Petit Saint-Martin
17, rue René Boulanger
75010 Paris
Tél : 01 42 08 00 32

Jusqu’au 9 Novembre 2019
Du mardi au samedi à 21h

 

Les Beaux loupe Photo Émilie Brouchon

Inutile de laisser planer le suspense, la presse est unanime et mon encre ne fait qu’ajouter de l’eau au moulin des compliments ! Mais c’est tellement jubilatoire de déclarer sa flamme que j’y succombe, même si elle est noyée dans un concert de louanges !

Exactement l’inverse du phénomène Léonore Confino  qui, quand elle signe un texte, se distingue instantanément. Cette auteure a une signature et, même jouée à l’aveugle, on reconnaîtrait son style, son univers, ses mots, entre mille !

Cette fois-ci, la solaire et délicate jeune femme reprend sa plume acérée et corrosive pour creuser, encore plus profond qu’avec « Ring »,  la vie de couple. Sur scène, un couple lisse, beau, parfait à la base (magnifiques Emmanuel Noblet et Élodie Navarre) qui s’avère assez vite entretenir des relations agressives, conflictuelles voire épouvantables au bout de dix ans de vie commune. Entre temps, une fillette au comportement déstabilisant est née et leur duo a volé en éclats. Une intrigue psychologique intéressante, qu’il est dommage de déflorer, justifie cette bascule entre l’image idyllique du couple présenté au début de la pièce et celle apocalyptique de la seconde partie. La famille, le travail mais aussi les petites choses du quotidien qui tissent la vie d’un couple, sont disséquées, décortiquées sans concession comme rarement. Rien n’est tiède chez cette auteure, tout est intense, démesuré, hallucinant. Pour une tranche de jambon bellota, soigneusement cachée au fond du frigo derrière les yaourts par lui et mangée par elle, un duel éclate, pour une affaire de saumon, la guerre est déclarée ! Dans un beau décor sobre et pertinent de Camille Duchemin, le metteur en scène Côme de Bellescize s’empare de ce texte ultra-moderne avec brio et fougue, une fougue transmise à ses comédiens qui sont remarquables et totalement investis dans ce marathon d’amour, de sensualité, de violence et de souffrance. On en sort éreinté mais, paradoxalement, heureux. Heureux de voir qu’on n’est pas tout seul, d’avoir beaucoup ri aussi (même si c’est un rire jaune) et d’avoir vécu un moment de théâtre de haut vol ! Une seule envie, y retourner !

Patricia Lacan-Martin

 

Les Beaux

De Léonore Confino
Mise en scène : Côme de  Bellescize

Avec Èlodie Navarre et Emmanuel Noblet

Décor : Camille Duchemin
Costumes : Colombe Lauriot-Prévost
Lumière : Thomas Costerg
Son : Lucas Lelièvre

 

Mis en ligne le 24 septembre 2019